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Voix off : Marrakech et après


Mohammed Bakrim
Vendredi 18 Décembre 2009

Voix off  : Marrakech et après
Le cinéma pendant Marrakech, le cinéma après Marrakech…le débat continue aussi,  notamment autour des deux films marocains présentés dans la sélection officielle : “The man who sold the world” des frères Noury en compétition officielle et Fissures de Hicham Ayouch dans la section Coup de cœur. Un débat fort utile qui trouvera certainement sa synthèse ultime lors du Festival national du film le mois de janvier prochain à Tanger…mais retenons déjà quelques éléments du débat. Pour ma part, je voudrais dire d'abord ma déception de ne pas voir le film des frères Noury apparaître au palmarès de Marrakech. Pour un jury où il y avait un Abbas Kiarostami et un Elia Suleiman, je m'attendais en effet à un geste ; non pas un geste de complaisance à l'égard du pays hôte, la compétition n'est pas entre pays et on ne chante pas l'hymne national du pays du film vainqueur…mais un geste à l'égard du cinéma ; le cinéma qui ose le cinéma. On ne peut pas aimer un film énigmatique quasi expérimental comme l'est “My dughter”, récompensé du Prix du jury et oublier complètement “The man who sold the world”…Les deux films sont portés par la même ambition artistique, celle de pousser jusqu'au bout les possibilités d'expression intrinsèques du langage cinématographique ; les deux films sont audacieux…neutralisant le signifié pour revisiter le signifiant. En conséquence, les deux films ont dérouté le public du Palais des congrès, habitué dans sa grande majorité à entrer dans le film par l'histoire, par le signifié.  My daughter est allé plus loin sur cette voie inédite ;  c'est une variation féminine de la condition humaine abordée de manière originale dans la version homme qu'est “The man who sold the world”. Le film malaisien est structuré en trois actes (déterminés par un fendu en noir récurrent) comme une pièce tragique, mais c'est une pièce dont les répliques et les didascalies sont remplacées par les images et les mouvements de caméra. C'est pratiquement un huis clos identique à l'univers extratemporel des frères Noury. Ce qui a séduit là, n'a pas fonctionné ici ? Formulons alors une hypothèse méchante : le jury a-t-il eu écho de l'accueil négatif et haineux réservé au film marocain et de crainte de provoquer l'opinion publique locale, le jury a choisi de récompenser un film « identitaire » ; belge dans sa structure et marocain dans son «âme»? “Les Barons” est un très « bon » film ; il a nous a permis de vivre un moment agréable, par son humour intelligent, sa tonalité légère et sa forte dose d'émotion…mais ce n'est pas un film de prix du jury : c'est le film de l'étoile d'or et du prix du public. Le prix du jury, c'est la zone de repli du jury pour récompenser les films apatrides ; les films de l'errance. Mon ami Karim Boukhari, excellent journaliste et grand cinéphile reproche aux frères Noury de « faire joujou » avec la caméra : je trouve que c'est un très bon compliment qu'il leur fait. Nos caméras sont tellement tristes et sérieuses qu'il était temps qu'un vent de   juvénile vienne rappeler cette évidence : la finalité du cinéma, c'est le cinéma... « Un film n'est pas une boîte mail où l’on dépose des messages », dit un autre amoureux du cinéma, Faouzi Bensaidi. 


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