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Rediffusé sur Mbc Max, vendredi 30 mai à 22h, le film consacré à Dalida a été un vrai bijou jamais offert au public. Si l’histoire de Dalida est certes triste et dure, il n’en est pas moins qu’elle est pleine d’espoir, et c’est cet espoir rendu possible par la persévérance et le courage de l’artiste que j’aimerais élucider dans ces lignes.
Réalisé par Lisa Azuelos, _ rappelons que le film est sorti en 2016 pour la première fois, le thème majeur demeure la vie de l’artiste, mise en exergue par la réalisatrice. Cette focalisation vise à être fidèle au maximum au parcours de Dalida, d’autant qu’elle cherche surtout à mettre en évidence comment on devient artiste.
En effet, il faut le dire tout de suite, être chanteur dépend du public et de son admiration pour le chanteur. Ce fut le cas de Dalida ; elle est admirée pour sa voix et pour son talent. Or, si le public connaît la chanteuse, il ignore sa vie privée, insupportable quelques fois.
Qui donc ne serait-il pas frappé par le suicide dans ce film ? On dirait que c’était le motif noir de la vie de Dalida. En ce qui nous concerne, c’est Luigi Tenco qui nous a marqués, un bon vivant, en chair et en os. Il y a effectivement cette phrase qui est sienne, et qui est, pour notre grande déception, la plus radicale qu’on ait jamais entendue : «Les gens ne comprennent pas la musique». Luigi, capricieux et fou, artistiquement parlant, se suicidera pour cette raison que les gens selon lui ne comprenaient pas la musique, car, selon ses dires, ils la prenaient pour un simple jeu, réduite au venin de la compétition. Ce film, contrairement à celui consacré récemment à Amy Wienhouse, que nous n’avons pas apprécié, incarne très bien l’artiste et invite à une réflexion sérieuse sur ce qui fait la vie d’artiste. Luigi incarne l’artiste dont on ignore complètement le génie, dont Dalida, apparemment, était la seule à le connaître, qu’elle admirait au plus haut point. Le suicide de Luigi est le seul qui nous soit justifié dans le film, car on peut comprendre que du moment que tout s’arrête pour un homme, le suicide devient presque légitime. La vie pour Luigi signifie la musique, et dès lors qu’il n’est pas entendu, la musique s’arrête pour lui, donc la vie prend son terme. A qui dire, à qui parler quand personne ne nous écoute ? La vie devient supportable quand des gens nous comprennent ou reconnaissent la valeur de notre expression artistique, car c’est ainsi que nous existons. Çà, Dalida le sait, et elle a essayé de le sauver, mais en vain, vu que le destin de Luigi dépendait de la musique et du public.
Après d’autres moments difficiles, marqués entre autres par la mort de Luigi, Dalida décida de quitter définitivement aussi bien son nouvel amant Loutchioui que la chanson et se consacrer, en souhaitant éviter le suicide, à sa vie spirituelle, d’où son voyage en Inde. Or, pour sa grande surprise, on lui explique que son travail est intéressant tant qu’il rend les gens heureux, donc, elle réalise que sa passion n’est pas nuisible, au contraire, les gens en ont besoin. Revenant sur sa décision, autrefois catégorique, elle va faire le tour du monde avec sa chanson «Je suis malade» que lui a inspirée le suicide de son ex-mari, le producteur.
Disons que le suicide a marqué Dalida et a été tentée elle-même par cette aventure, à plusieurs reprises. Mais l’intérêt de la vie de cette artiste, particulière sur plus d’un plan, en est qu’elle relate en quoi elle était différente de ces gens qui étaient proches d’elle.
Contrairement au fait qu’ils ont cédé au suicide, qui est une décision manquant dans une certaine mesure d’altruisme, et n’ayant bien sûr rien d’héroïque, Dalida y résiste et n’y cède pas, pour les autres. Elle préfère rester en vie, non contre la mort, comme elle dit, mais pour la mort.
Elle tient debout, malgré tout, et elle s’exprime à travers la chanson. S’ensuivront donc d’autres reprises, rarement réalisées avant, dont une des plus célèbres, «Avec le temps» de Léo Ferré. Le choix des chansons qu’elle reprend reflète parfaitement son destin, marqué par la mort, à laquelle, semble-t-il, elle veut échapper à tout prix. Le vide ressenti lui rappelait, en effet, tous les dimanches, ce en conséquence de quoi, elle invitait ses amis pendant ce jour pour combler le vide, le néant. Ceci étant dit, elle reste forte, et l’amour ne la quitte jamais, dans amour, lui rappelle un des ses amants, il y a âme. Continuer à vivre, pour aimer, aimer pour rester, pour les autres. Donner de l’espoir. Voilà ce que c’était Dalida, la vie et l’espoir, pour la mort.
Une liste de chansons relatée par le film illustre son talent sans faille : «Bambino», «Je suis malade», « Salama ya Salama», «Laissez-moi danser», etc. Notons que Dalida est de ces chanteuses qui n’ont pas perdu la force de leurs cordes vocales, même à un âge avancé, contrairement à d’autres artistes, dont Céline Dion par exemple.
Tous ses amants se sont suicidés très jeunes, et le suicide de Richard a failli la rendre folle car cette fois-ci elle se sentait vraiment en être responsable. Dans toute sa tristesse et son évanouissement, elle reçoit une offre, Youssef Chahine lui propose un rôle dans son film intitulé Le Sixième Jour. On y voit une véritable Egyptienne qui a été reçu par ses compatriotes à l’image d’une diva. C’est là où elle revoit son père, qu’elle détestait, car il frappait souvent sa mère. Tout lui revient à cet instant, l’angoisse d’une mémoire qui renaît après des années de souffrance.
Et, comme une star, elle finit dans l’ombre, dans la solitude sans merci, avec un chien, d’où sa chanson «Pour ne pas vivre seule, on vit avec un chien», la plus belle chanson, c’est-à-dire, la plus créative, trouvons-nous.
Enfin, le film se termine par cette lettre laissée par l’artiste à un certain François Naudy : «Désolée, je ne supporte plus la vie».
Par Najib Allioui
Réalisé par Lisa Azuelos, _ rappelons que le film est sorti en 2016 pour la première fois, le thème majeur demeure la vie de l’artiste, mise en exergue par la réalisatrice. Cette focalisation vise à être fidèle au maximum au parcours de Dalida, d’autant qu’elle cherche surtout à mettre en évidence comment on devient artiste.
En effet, il faut le dire tout de suite, être chanteur dépend du public et de son admiration pour le chanteur. Ce fut le cas de Dalida ; elle est admirée pour sa voix et pour son talent. Or, si le public connaît la chanteuse, il ignore sa vie privée, insupportable quelques fois.
Qui donc ne serait-il pas frappé par le suicide dans ce film ? On dirait que c’était le motif noir de la vie de Dalida. En ce qui nous concerne, c’est Luigi Tenco qui nous a marqués, un bon vivant, en chair et en os. Il y a effectivement cette phrase qui est sienne, et qui est, pour notre grande déception, la plus radicale qu’on ait jamais entendue : «Les gens ne comprennent pas la musique». Luigi, capricieux et fou, artistiquement parlant, se suicidera pour cette raison que les gens selon lui ne comprenaient pas la musique, car, selon ses dires, ils la prenaient pour un simple jeu, réduite au venin de la compétition. Ce film, contrairement à celui consacré récemment à Amy Wienhouse, que nous n’avons pas apprécié, incarne très bien l’artiste et invite à une réflexion sérieuse sur ce qui fait la vie d’artiste. Luigi incarne l’artiste dont on ignore complètement le génie, dont Dalida, apparemment, était la seule à le connaître, qu’elle admirait au plus haut point. Le suicide de Luigi est le seul qui nous soit justifié dans le film, car on peut comprendre que du moment que tout s’arrête pour un homme, le suicide devient presque légitime. La vie pour Luigi signifie la musique, et dès lors qu’il n’est pas entendu, la musique s’arrête pour lui, donc la vie prend son terme. A qui dire, à qui parler quand personne ne nous écoute ? La vie devient supportable quand des gens nous comprennent ou reconnaissent la valeur de notre expression artistique, car c’est ainsi que nous existons. Çà, Dalida le sait, et elle a essayé de le sauver, mais en vain, vu que le destin de Luigi dépendait de la musique et du public.
Après d’autres moments difficiles, marqués entre autres par la mort de Luigi, Dalida décida de quitter définitivement aussi bien son nouvel amant Loutchioui que la chanson et se consacrer, en souhaitant éviter le suicide, à sa vie spirituelle, d’où son voyage en Inde. Or, pour sa grande surprise, on lui explique que son travail est intéressant tant qu’il rend les gens heureux, donc, elle réalise que sa passion n’est pas nuisible, au contraire, les gens en ont besoin. Revenant sur sa décision, autrefois catégorique, elle va faire le tour du monde avec sa chanson «Je suis malade» que lui a inspirée le suicide de son ex-mari, le producteur.
Disons que le suicide a marqué Dalida et a été tentée elle-même par cette aventure, à plusieurs reprises. Mais l’intérêt de la vie de cette artiste, particulière sur plus d’un plan, en est qu’elle relate en quoi elle était différente de ces gens qui étaient proches d’elle.
Contrairement au fait qu’ils ont cédé au suicide, qui est une décision manquant dans une certaine mesure d’altruisme, et n’ayant bien sûr rien d’héroïque, Dalida y résiste et n’y cède pas, pour les autres. Elle préfère rester en vie, non contre la mort, comme elle dit, mais pour la mort.
Elle tient debout, malgré tout, et elle s’exprime à travers la chanson. S’ensuivront donc d’autres reprises, rarement réalisées avant, dont une des plus célèbres, «Avec le temps» de Léo Ferré. Le choix des chansons qu’elle reprend reflète parfaitement son destin, marqué par la mort, à laquelle, semble-t-il, elle veut échapper à tout prix. Le vide ressenti lui rappelait, en effet, tous les dimanches, ce en conséquence de quoi, elle invitait ses amis pendant ce jour pour combler le vide, le néant. Ceci étant dit, elle reste forte, et l’amour ne la quitte jamais, dans amour, lui rappelle un des ses amants, il y a âme. Continuer à vivre, pour aimer, aimer pour rester, pour les autres. Donner de l’espoir. Voilà ce que c’était Dalida, la vie et l’espoir, pour la mort.
Une liste de chansons relatée par le film illustre son talent sans faille : «Bambino», «Je suis malade», « Salama ya Salama», «Laissez-moi danser», etc. Notons que Dalida est de ces chanteuses qui n’ont pas perdu la force de leurs cordes vocales, même à un âge avancé, contrairement à d’autres artistes, dont Céline Dion par exemple.
Tous ses amants se sont suicidés très jeunes, et le suicide de Richard a failli la rendre folle car cette fois-ci elle se sentait vraiment en être responsable. Dans toute sa tristesse et son évanouissement, elle reçoit une offre, Youssef Chahine lui propose un rôle dans son film intitulé Le Sixième Jour. On y voit une véritable Egyptienne qui a été reçu par ses compatriotes à l’image d’une diva. C’est là où elle revoit son père, qu’elle détestait, car il frappait souvent sa mère. Tout lui revient à cet instant, l’angoisse d’une mémoire qui renaît après des années de souffrance.
Et, comme une star, elle finit dans l’ombre, dans la solitude sans merci, avec un chien, d’où sa chanson «Pour ne pas vivre seule, on vit avec un chien», la plus belle chanson, c’est-à-dire, la plus créative, trouvons-nous.
Enfin, le film se termine par cette lettre laissée par l’artiste à un certain François Naudy : «Désolée, je ne supporte plus la vie».
Par Najib Allioui