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Pris au dépourvu, l'Etat a dû mettre les bouchées doubles pour résorber l'énorme déficit en logements hérité du temps du PAS et antérieurement. Il a donc construit, ou fait construire, énormément de logements. A la va-vite et sans prendre le temps de réfléchir à d'autres objectifs que quantitatifs. Résultat : des horreurs innommables, mais aussi quelques traits de génie peu nombreux, certes, mais suffisamment pertinents pour que l'on s'en souvienne. Et surtout, une volonté de standardisation et de suivisme chevillée au corps.
"A part quelques opérations, on est forcé de constater que tout le monde a travaillé sur un ou deux types de plans d'appartements. On est donc forcé de dire qu'il n'y a pas d'innovation". Le verdict de Abdelouahed Mountassir, architecte et urbaniste ayant pignon sur rue à Casablanca, est sans appel. "Je pense que vu le nombre d'immeubles qui ont été construits ces dernières années, on aurait dû se permettre d'expérimenter d'autres typologies de logements, d'autres manières d'opérer qui répondent mieux aux modes de vie des Marocains, au climat, aux exigences de l'habitat collectif, à la sociabilité, etc".
Pour ce maître d'œuvre qui a signé quelques-uns des projets les plus marquants du secteur, il y a donc urgence. Désormais, il ne parle plus d'habitat social, mais de logement social collectif alternatif. Un nouveau concept vient donc de voir le jour et, grâce à la Holding Al Omrane, il va incessamment sortir de terre à Bouskoura.
Il s'agit, en fait, d'un mix entre maison individuelle et appartement. Ce concept allie les qualités de l'une et de l'autre tout en en réduisant les contraintes au maximum. En pratique, cela donne des appartements reliés par des rues suspendues et dont les entrées sont dotées de loggias qui donnent sur l'air libre. A l'intérieur de ces logements, les concepts de centralité, de convivialité et de cohabitation qui ont fait l'originalité des maisons et des médinas marocaines trouvent leur pleine expression.
De fait, le projet a poussé la réflexion au maximum. Il s'est ainsi penché sur l'incontournable question des équipements collectifs, commerces et espaces publics qui fondent la vie de quartier, sur celle de la densité, sur celle des espaces communs et des unités de vie, sur celle de l'entretien et de la sécurité, etc.
Rien n'a été laissé au hasard.
Le logement social collectif alternatif est, en quelque sorte, l'aboutissement d'une réflexion qui a commencé avec le projet de Nassim 1 à Casablanca et qui continue à produire de véritables Manifestes de l'habitat social national.
Résumé de texte avec l'auteur de ce chef d'œuvre : "Quand je repense à Nassim et à son système de coursives qui donnent sur trois voisins au maximum, je ne puis que me dire que cela change l'architecture, ça l'humanise davantage ! ".
Ces coursives sont devenues loggias dans l'actuel projet d'Al Omrane dénommé Al Izdihar et, comme les premières, elles ne peuvent pas être intégrées aux logements individuels ; ce qui ne manquera pas de faire d'elles des lieux de détente où la verdure et la convivialité seront de rigueur.
Les autres logements sociaux en manquent tellement que d'aucuns ont commencé à leur prédire le même avenir que les cités de la banlieue parisienne.
Nids de violence, de délinquance et de mal-vie, ces barres sans âme font actuellement le seul bonheur des artificiers. Après avoir puisé sur les comptes de l'Etat français, elles émargent encore au budget de celui-ci puisque leur démolition est subventionnée par les pouvoirs publics.
Pour ne pas en arriver à de telles extrémités, il faut donc qu'il y ait volonté politique. Pour M. Mountassir, "on doit aller vers la construction de logements sociaux intégrés, puisqu'on fait la ville et non pas des ghettos".
Ceci d'autant plus que " les quartiers monofonctionnels où le logement est prédominant et où les autres composantes de la ville n'ont pas cours ne peuvent produire que des gens frustrés ", précise-t-il.
La finalité de tout acte de bâtir étant l'Homme, il faut tout simplement faire autrement.