Un minéral reconnu «bien culturel d’intérêt patrimonial majeur»

C'est une première pour un minéral : une fluorite du Mont-Blanc a été reconnue "bien culturel d'intérêt patrimonial majeur". Ce spécimen, d'une extrême rareté, vient d'enrichir les collections du Muséum national d'Histoire naturelle.
Jusqu'alors, jamais aucun échantillon minéralogique n'avait été reconnu "bien culturel d'intérêt patrimonial majeur", ni même aucun objet relevant de l'Histoire naturelle. La présence de collectionneurs fortunés sur le marché des minéraux rend désormais difficile l'acquisition d'échantillons de classe mondiale pour un musée public. Cette reconnaissance a permis à ce spécimen de rester sur le territoire français et d'y être exposé dans un musée national accessible à tous. Découvert le 21 juillet 2006 dans les Aiguilles Vertes du massif du Mont-Blanc en Haute-Savoie, ce spécimen, d'une largeur de 26 cm (sur 21 cm de profondeur et 16 cm de hauteur) et d'un poids de 5,1 kg, a la particularité de présenter une association d'une exceptionnelle qualité de deux minéraux : la fluorite rouge en octaèdre et le quartz enfumé. Il a pu être acquis pour la somme de 250.000 euros, grâce à un mécénat. Du fait des conditions d'accès particulièrement ardues, la recherche de minéraux cristallisés alpins d'une grande rareté exige des qualités physiques exceptionnelles : seuls les guides de haute montagne et alpinistes chevronnés peuvent y prétendre. Ces chercheurs de minéraux sont connus sous le nom de cristalliers : leur activité existe dans le massif du Mont-Blanc depuis le XVIIe siècle, où elle constituait une source pécuniaire d'appoint pour les paysans. Avec l'apparition du tourisme, ces cristalliers sont devenus guides de haute montagne ou moniteurs de ski. Le spécimen est absolument intact et n'a subi aucune modification mécanique ou chimique. Avec les dernières technologies de la muséologie scientifique, le muséum lui garantit aujourd'hui une conservation optimale, pour la plus grande joie du public.