Un nouveau gouvernement est enfin né en Italie: une coalition gauche-droite incarnée par le nouveau Premier ministre démocrate Enrico Letta et par son numéro deux, le chef du parti de Silvio Berlusconi, Angelino Alfano. "C'était le seul gouvernement possible et sa constitution ne pouvait pas attendre", a commenté le président de la République, Giorgio Napolitano. Cette alliance permettra au nouveau gouvernement d'obtenir la confiance des deux Chambres, comme le prévoit la Constitution, s'est-il félicité. Après avoir souhaité "la plus grande cohésion" à cette nouvelle équipe, il a longuement empoigné les deux mains du nouveau chef du gouvernement. Signal très fort de cette "large entente" encore mal acceptée par nombre de militants du Parti démocrate (gauche) de M. Letta, M. Alfano, chef du Peuple de la liberté (PDL, droite), parti créé par le Cavaliere, sera vice-premier ministre et ministre de l'Intérieur. Le ministère de l'Economie et des Finances va au directeur de la Banque d'Italie, Fabrizio Saccomanni, alors que la troisième économie de la zone euro est plongée dans la récession. Un visage connu fait une nouvelle apparition: celui de l'ex-commissaire européenne radicale Emma Bonino, nommée aux Affaires étrangères. Quant à la Justice, ministère très sensible pour M. Berlusconi, poursuivi dans plusieurs procès, il revient à l'actuelle ministre de l'Intérieur, Anna Maria Cancellieri.
En présentant avec une "sobre satisfaction" son gouvernement, M. Letta s'est félicité surtout du "record de présence féminine et le rajeunissement de l'équipe". De fait, de nombreuses figures encore inconnues du grand public en Italie apparaissent dans ce gouvernement.
La tâche de M. Letta était compliquée: il s'agit de faire travailler ensemble deux forces qui ont multiplié les attaques mutuelles depuis des années. La gauche répétait sur tous les tons ces dernières semaines qu'elle n'accepterait jamais de gouverner avec son ennemi juré, Silvio Berlusconi.