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Calomnies
Les raisons derrière la diffusion de ce communiqué sont les récentes vidéos et publications diffusées sur les réseaux sociaux et qui accusent les juges, que ce soit à titre personnel, dans le cadre de leur pratique purement professionnelle ou dans le cadre de leur affiliation à des organisations en rapport avec leur travail.
L'Amicale Hassania des magistrats dénonce une série d’attaques contre les juges et qui a tout l'air de servir des agendas intéressésL'Amicale a qualifié ces attaques médiatiques de « calomnies et d’accusations malveillantes dépourvues de toute preuve», visant « à apporter atteinte à l'honneur des juges, dans le but de nuire à leur réputation et de banaliser leur travail, ainsi que de remettre en question les performances des institutions judiciaires et la plupart des acteurs du secteur ». Ledit communiqué précise que ces attaques dépassent le stade d’« un simple comportement individuel isolé avec des motifs purement personnels ».
En outre, les magistrats estiment que « toutes ces sorties, malgré leur lien avec la dimension professionnelle du travail des juges, ont dépassé toutes les limites, portant atteinte à l'inviolabilité des juges et à leur vie privée, garantie par l'article 24 de la Loi suprême ; sans parler d'autres textes juridiques qui encadrent cette protection en général et la protection des juges dans le cadre de leur exercice professionnel en particulier ».
Volonté
Pour M.M, un juge casablancais, le nombre de vidéos attaquant les juges et leur fréquence de diffusion démontrent l’existence d’une volonté de nuire au corps des magistrats. Selon lui, il y a anguille sous roche et c’est sûr que l’institution judiciaire est visée, et ce sur plusieurs niveaux. « Il suffit de surfer sur les réseaux sociaux pour voir comment cette institution est lynchée, diffamée et critiquée en tant qu’institution corrompue. Le rôle constitutionnel de cette institution dans la défense des droits et la garantie des libertés est quasi absent. Le secteur est traité de tous les noms d’oiseaux et comme s’il était le seul qui enregistre tous les maux de la société », a-t-il observé. Et de nuancer : « Certains avancent qu’il s’agit d’un secteur public et que le débat doit être public. Et du coup, les juges doivent être l’objet de critique. Mais ce discours est erroné puisqu’il cible un seul secteur et ignore les autres. D’autant plus que le débat de société doit remplir certaines conditions et répondre à une certaine éthique sans porter atteinte à l’image et à la confiance en la justice ».
Solidarité
Sur la base de ce qui précède, l'Amicale « exprime sa profonde préoccupation quant aux doléances du corps judiciaire suite à cette attaque flagrante contre le pouvoir judiciaire et toutes ses composantes, et condamne fermement cette attaque irresponsable et sans précédent ». Elle déclare également sa solidarité inconditionnelle avec les juges et les magistrats ayant fait l'objet d'une quelconque atteinte à leur statut juridique, à leur honneur et à leur dignité en véhiculant des mensonges, et se met à la disposition de tous ceux qui ont choisi de suivre les procédures spéciales pour les accompagner et les soutenir».
L’Amicale compte aussi préparer d'urgence une conception globale pour travailler sur la question au niveau institutionnel et identifier les moyens de défendre les garanties des juges conformément à l'article 39 du statut des juges et aux articles 263 et suivants du Code pénal marocain et autres textes concernés, afin de servir l'intérêt public en mettant les juges à l'abri de tout ce qui affecte leur indépendance, leur impartialité et leur neutralité en vue d’assurer la sécurité judiciaire des citoyens.
Créer une cellule de travail au niveau du bureau central pour suivre tous les dossiers des juges et leurs institutions qui font l'objet d'abus et d'atteinte à leur dignité et à leur honneur, élaborer un rapport synthétique et identifier les moyens de contentieux disponibles pour disposer de résultats, figurent également sur la liste des actions à mener par l’Amicale.
Poursuites
Et qu’en est-il des poursuites judiciaires ? « Les juges préfèrent prendre de la hauteur et peu de gens le savent. Ils ne sont pas prêts à réagir chaque fois que leurs noms sont cités. Rappelons-nous le débat suscité dernièrement par le procès tenté par le ministre de la Justice contre un youtubeur et la réaction de la société via les réseaux sociaux. Les juges ont conscience que ces poursuites risquent de les exposer à des accusations graves comme la volonté d’instaurer l’Etat des juges. Alors que ce genre d’agissement est considéré par la Constitution comme une sorte de pression sur la justice permettant des poursuites pénales », nous a déclaré M.M. Et de conclure : « C’est très compliqué. Il s’agit d’un sérieux problème en relation avec la culture juridique de notre société et la place confiée à la justice ».
Hassan Bentaleb