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Un PLF 2016 en trompe-l’œil pour appuyer la politique d’austérité suivie depuis 2012

Selon le CMC, l’actuel quinquennat se caractérise par une véritable explosion des charges

Jeudi 19 Novembre 2015

«La réduction des déficits budgétaires qui semble constituer le principal fait marquant du projet de loi de Finances 2016 (PLF) est en trompe-l’œil  car résultant de l’accroissement de la pression fiscale et de l’endettement». Tels sont les maîtres-mots du Centre marocain de conjoncture (CMC) qui n’y est pas allé de main morte dans son spécial sur ce PLF.
Venue à point nommé, cette toute dernière lettre mensuelle fait ressortir, dans son panel sur l’alourdissement de la pression fiscale, que les charges de la dette sont en forte hausse au point de dépasser la valeur des investissements, expliquant que la politique économique envisagée apparaît ainsi comme la poursuite de la politique d’austérité en vigueur au Maroc depuis 2012.  
A fortiori, les analystes du CMC continuent de plus belle sur l’instabilité fiscale et la faible dynamique du multiplicateur du Budget 2016 en dévoilant que le projet retient comme axes prioritaires, la consolidation de la dynamique de croissance, le renforcement des piliers de développement économique et social et l’accélération du processus de régionalisation et des grandes réformes structurelles. Selon eux, les moyens budgétaires mobilisables pour la mise en œuvre des multiples actions envisagées dans le cadre de ces priorités s’avèrent, à l’examen, contraignants. Le « la » est ainsi donné. Ils expliquent que ce constat ressort nettement à travers l’analyse de l’évolution des principales rubriques budgétaires et de l’évaluation de leurs effets multiplicateurs. Dans ce sillage, le CMC, qui tient compte des nouvelles dispositions fiscales et de leur incidence sur la dynamique des comportements aussi bien des ménages que des entreprises, conclut que la consolidation des différents effets attendus de la programmation budgétaire pour l’année 2016, conduit à un impact global limité sur l’activité.
De fil en aiguille, il indique également concernant « La fiscalité des entreprises: des mesures en deçà des attentes», qu’au Maroc, le poids excessif des charges qui pèsent sur les entreprises marocaines est souvent cité comme une cause majeure de leurs médiocres performances en matière d’emploi, d’exportations et d’investissement. Et de noter que parmi les charges jugées lourdes au Maroc, la fiscalité des entreprises figure en pole position, affirmant que sa réforme est aujourd’hui une nécessité. «Tous les pays, de par le monde, s’efforcent de la rendre plus compétitive. La concurrence dans ce domaine est donc forte», souligne-t-il   avant de relever que le défi est de faire face à cette concurrence tout en garantissant à l’économie des recettes suffisantes et pérennes. Pavé dans la mare, les dispositions de la loi de Finances 2016 sont timides à cet égard et un seul barème progressif a été proposé en matière de fiscalité des entreprises. 
Et ce n’est pas tout. Le CMC indique qu’en matière d’investissement public et son impact sur l’économie nationale, l’IP joue justement un rôle déterminant dans le développement économique. Son poids, ajoute-t-il,  demeure important en comparaison avec celui des autres acteurs d’investissement (entreprises et ménages). Et de constater que l’activité d’une bonne partie des entreprises est extrêmement liée à l’investissement public.
Allant au-delà du constat, les analystes du CMC ont, très vite, débouché  sur des interrogations : comment cet investissement a-t-il évolué au cours des quinze dernières années ? Quel sont les principaux acteurs de cet investissement ? Quelle est sa répartition territoriale et sectorielle et comment se présente la qualité de cet investissement en termes d’impact sur la croissance et la dynamisation de l’économie en général ?
Quant au pivot consacré à «La dette de l’Etat: montée des charges et éviction de l’investissement», le CMC fait observer que le recours de plus en plus fréquent à l’endettement pour financer le déficit budgétaire a eu pour effet une montée en flèche des charges de remboursement au titre du paiement des intérêts et commissions… Et de relever, toutefois, que la hausse spectaculaire de ces charges a limité la capacité du gouvernement à dégager les ressources nécessaires pour assurer le financement de la croissance dans de meilleures conditions. Ainsi, le CMC rappelle que, contrairement à la décennie 2001-2011 où cette évolution n’a guère dépassé les 0,4% par an en moyenne (baisse de 5,1% pour les charges externes contre une hausse de 4,10% pour la rubrique interne), le quinquennat 2012-2016 se caractérise par une véritable explosion des charges (15% par an en moyenne correspondant à 18% au niveau interne et 3,1% pour ce qui est des charges relevant de la dette externe). «Pour les deux sous-périodes, la croissance des investissements de l’Etat a emprunté le chemin inverse : à peine 3,2% de progression pour la deuxième sous-période contre +10,4% pour la décennie 2001-2011», met-on en relief. Et de noter que de telles indications statistiques illustrent clairement que la hausse du service de la dette publique a fortement contrarié la dynamique de l’investissement inscrit dans le budget général, gênant du même coup le financement de la croissance nationale.
Le tir est donc à rectifier. Sachant que la croissance mondiale serait de 3,1 % pour l’ensemble de 2015, selon les dernières prévisions d’octobre dernier du FMI, soit légèrement au-dessous de 2014 et 0,4 point en deçà des prévisions d’avril. En effet, s’agissant de l’axe afférent à «L’économie mondiale en 2016 : révision des prévisions à la baisse», le CMC révèle que l’activité dans le monde devrait s’accélérer légèrement en 2016 précisant que dans les pays avancés, la reprise modeste qui a débuté en 2014 devrait s’affermir. «Dans les pays émergents et les pays en développement, les perspectives devraient s’améliorer malgré le ralentissement attendu en Chine», a-t-il expliqué avant de faire remarquer que du fait du recul et des cours des produits de base et de la dépréciation des monnaies de pays émergents et de la hausse de la volatilité sur les marchés financiers, les risques de révision à la baisse des perspectives ont augmenté, en particulier pour les pays émergents et les pays en développement.
 

Meyssoune Belmaza

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