
L'annonce surprise a été faite par l'iconoclaste ministre grec, universitaire entré en politique il y a cinq mois, mais c'est bien Alexis Tsipras, premier chef d'un gouvernement de gauche radicale en Europe, qui a pris la décision de sacrifier ce collaborateur qu'il avait jusqu'ici soutenu contre les critiques de ses partenaires européens.
Ce choix d'Alexis Tsipras, fort de la victoire du "non" à 61,31% au référendum sur les propositions des créanciers, intervient à quelques heures d'une rencontre à Paris de la chancelière allemande Angela Merkel et du président français François Hollande, alors que plane l'incertitude sur le maintien de la Grèce dans la zone euro.
Athènes est fermement convaincue que les négociations sur les réformes et les mesures budgétaires débattues avec l'UE et le FMI depuis cinq mois peuvent reprendre dès lundi.
Les Grecs ont semblé dépasser leur anxiété pour dire le "grand non" espéré par M. Tsipras aux créanciers, qui exigent des réformes très dures de la Grèce depuis 2010, en échange de 240 milliards d'euros de prêts ou promesses de prêts, qui ont porté la dette grecque à près de 180% du PIB.
La situation est d'autant plus urgente que la Grèce n'a plus d'argent, ses banques sont fermées depuis une semaine et fragilisées par les récents retraits massifs de Grecs anxieux.
Tous les regards sont tournés vers la BCE qui depuis plusieurs jours a consenti à maintenir en coma artificiel les banques du pays au moyen de prêts d'urgence, les fameux ELA, et doit décider si elle veut continuer de le faire, au risque de violer ses règles. Une réunion du conseil des gouverneurs de la BCE, annoncée dès vendredi par le gouverneur de la Banque d'Autriche Ewald Nowotny, est prévue lundi.
Paris et Berlin sont "d'accord" pour dire qu'il faut "respecter le vote" des Grecs, mais sont loin d'avoir une vision commune de la réponse à apporter à ce scrutin, qui, plus largement, divise les dirigeants de la zone euro. Un sommet de la zone euro aura lieu ce soir à Bruxelles.
Lundi, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a consulté dans la matinée lors d'une conférence téléphonique Jeroen Dijsselbloem, président de l'Eurogroupe, Donald Tusk, président du Conseil européen, et Mario Draghi, patron de la Banque centrale européenne (BCE).
Sous l'effet du "non" grec, les marchés asiatiques ont cédé du terrain lundi, l'euro limitant cependant ses pertes. Tokyo a terminé en recul de 2,08%, Hong Kong de 3,18%, Sydney a clôturé en repli de 1,14%.
L'euro s'est ponctuellement redressé face au dollar dans les échanges asiatiques après la démission de Yanis Varoufakis.
Dans cette situation périlleuse, le Premier ministre grec pouvait au moins se féliciter d'avoir remporté le pari du référendum, cinq mois après sa victoire aux élections législatives de janvier.