
Des milliers d'habitants ont fui la grande ville du nord, où les affrontements ont causé d'immenses dégâts aux anciens souks et à certains quartiers, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Ces combats, qui avaient atteint pour la première fois le centre historique, ont fait 16 morts dont 11 soldats.
L'armée est parvenue à pénétrer lundi pour la première fois depuis une décennie dans le secteur de Bab al-Tebbané, considéré comme un fief de mouvements islamistes.
Des hommes armés, des Libanais sunnites soupçonnés de liens avec le Front Al-Nosra --branche syrienne d'Al-Qaïda-- s'étaient retranchés dans ce quartier pauvre aux rues étroites après avoir été délogés du centre-ville par les soldats.
Témoin de la violence inédite des combats au cours desquels l'armée a utilisé massivement son artillerie, une habitante de Bab Al-Tebbané de 72 ans a affirmé à l'AFP n'avoir "jamais quitté Bab Al-Tebbané, même au temps de la guerre civile", qui avait ravagé le Liban entre 1975 et 1990.
"Mais cette fois-ci, j'ai dû quitter la maison avec mes cinq petits-enfants", a témoigné Oum Mohammad Jaabouri, portant une chemise de nuit bleue et un voile blanc. Car, raconte-t-elle, les combats ont été "d'une violence inouïe".
Un journaliste de l'AFP a vu dimanche soir des scènes chaotiques, avec la fuite de femmes en pyjama et en pleurs, d'hommes portant des enfants mais aussi des personnes âgées. Les écoles et les universités à Tripoli sont restées fermées lundi.
Des voitures calcinées étaient visibles à l'entrée de Bab Al-Tebbané, dont l'accès était interdit à la presse par l'armée qui continue de mener des perquisitions et de neutraliser des mines dans le quartier. "L'armée contrôle Bab Al-Tebbané", a indiqué un porte-parole militaire, en précisant que 162 hommes armés avaient été arrêtés lors des perquisitions.
Si l'armée désigne uniquement par "terroristes" les groupes qui l'ont attaquée vendredi, provoquant les combats, des responsables locaux affirment que les meneurs sont des sympathisants d'Al-Nosra, groupe jihadiste qui combat le régime de Bachar Al-Assad aux côtés des rebelles en Syrie.