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Al'instar d'"Ahwash" et d'"Ahidous", "Tamawayt" s'accapare une place de choix chez les passionnés de l'art amazigh authentique, et plus particulièrement parmi les populations des montagnes du Moyen Atlas où cet art a vu le jour. "Tamawayt", que l'on pourrait littéralement traduire par "accompagnement", est une forme de poésie traitant d'une thématique sentimentale. Il s'agit d'un chant populaire nécessitant beaucoup de souffle ainsi qu'une forte voix et une interprétation sans faille. L'une des caractéristiques majeures de "Tamawayt" consiste dans le fait qu’il est chanté spontanément et d'une voix dont l'écho raisonne à travers les montagnes. Ce chant est porté par de jeunes hommes et femmes à l’occasion de "Moussems" et de fêtes de mariage et permet d'évoquer divers sujets intéressant la vie quotidienne au village et de méditer sur la nature. Dans un article intitulé "De notre patrimoine inconnu, une anthologie non exhaustive des chants et danses amazighs", publié par le magazine "Afaq" en 1967, l'écrivain Mohamed Chafik a relevé l’existence d'un type particulier de chant qui "constitue un prélude à la danse ou aux jeux équestres. Ce type aux tonalités lentes, et qui n’est chanté qu'en privé, s'appelle "Tamawayt"". "Il est souvent entendu dans les massifs de l'Atlas, où il est chanté par des femmes pendant la coupe et le ramassage de bois de chauffage. Son écho est répercuté par les montagnes, suscitant chez les auditeurs une nostalgie de la vie rurale, chaque chanson étant composée de deux, quatre ou plusieurs vers", écrit-il. "Tamawayt" figure parmi les genres poétiques répandus dans le Moyen Atlas, et il est composé de joutes poétiques improvisées qui se distinguent par une forme et des rythmes vocaux particuliers, outre un contenu empreint de symbolisme et de mystère, a confié à la MAP Khadija Aziz, journaliste à l'Institut Royal de la culture amazighe (IRCAM). Parmi les noms les plus célèbres ayant excellé dans cette forme d'expression poétique, figurent feue Yamna N’Aziz et Cherifa Kersit, surnommée "la Diva de l’Atlas". D'après Cherifa Kersit, cet art a été hérité des ancêtres depuis l’époque coloniale, durant laquelle les chansons "Tamawayt" servaient de canal pour passer des messages éloquents dans lesquels les femmes demandaient à leurs maris de faire preuve de vigilance à l'égard de l’ennemi. La pratique de "Tamawayt", a-t-elle dit, s'est généralisée de nos jours et elle connaît actuellement une période prospère de son histoire. Et l'artiste d'ajouter qu'elle fait partie de la première génération qui a interprété "Tamawayt" aux côtés du regretté Mohamed Rouicha, avant d’être rejoints par de nombreux artistes tels que Yamna N’Aziz, Itto Tamhaoucht, Mohamed Omimoun, Achrorou et Guerda. Kersit estime que l’art "Tamawayt" touche plusieurs sujets et qu'il célèbre la poésie amazighe authentique, y voyant même l'un des plus beaux chants du Moyen Atlas. "Tamawayt" est donc une forme poétique populaire profondément ancrée dans l’histoire et dotée d’un style captivant les esprits. A la faveur de paroles éloquentes et de rythmes singuliers, ce genre musical transporte ses passionnés vers le monde de l’art amazigh authentique.