Il y a vingt ans, les écologistes promettaient une crise de la croissance et des renoncements douloureux pour sauver le système climatique. Nous sommes en plein dedans. Nous sommes également en train d’assister à une mutation profonde des économies et, en particulier, à l’émergence d’une écologie industrielle qui progresse indépendamment du cycle économique.
L’Allemagne, qui fut la première en 1991 à en prendre le pari, en se lançant dans un vaste programme de subventionnement des énergies vertes, expérimente cette transformation. Sa base industrielle souffre terriblement de la récession mondiale mais, dans le même temps, les bénéfices de son économie verte deviennent de plus en plus visibles. Par ailleurs, d’ici à 2020, les emplois «verts», les fameux «green jobs» dont Barack Obama parle tant, seront plus nombreux que ceux offerts par l’industrie
automobile.
L’entrée dans l’ère de l’écologie industrielle se révèle créatrice nette d’emplois.
Le Maroc se trouve donc d’autant plus interpellé que sa conception du développement a conduit à des désastres écologiques patents. Le cas de Safi, où Maroc Chimie par l’OCP avait sonné le tocsin d’un bien-être à nul autre pareil, est connu de tous. De capitale mondiale de la sardine, il a fait de la capitale des Abda une ville où non seulement les prix du poisson sont exorbitants, mais les problèmes respiratoires y sont également devenus légion.
La série noire se poursuit encore. Mais en d’autres lieux. L’un de ses derniers méfaits est à chercher du côté de Lakhyayta. Précisément à Oulad Hriz où Silver Food, une usine de traitement des produits de la mer, a élu domicile près de Douar El Bouhala pour fabriquer des conserves de poisson et déverser ses déchets nauséabonds en pleine nature, menaçant ainsi la nappe phréatique et la santé des riverains.
Au prétexte de créer de l’emploi, d’aucuns sont, donc, en train de ne créer que des problèmes de plus en plus insurmontables.
Et pourtant, à en croire l’une de ses déclarations d’intentions, le Maroc s’était engagé devant la CNUCED et l’ONUDI à adopter un projet de développement industriel écologiquement durable basé sur la mise en place de méthodes de prévention de la pollution et de réduction des déchets au niveau de l’entreprise en s’appuyant sur des technologies efficaces, rentables et peu polluantes.
En ces temps où l’industrie verte a désormais le vent en poupe, ce projet devrait être remis sur le métier. Ne serait-ce qu’à cause du fait que l’écologie est actuellement l’un des secteurs qui se développent le plus et qui créent beaucoup d’emplois tout en générant d’importants bénéfices.