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Sur les terres du Malbec argentin, les élevages de chèvres ont soif


Mercredi 13 Novembre 2019

Sur les terres du Malbec argentin, les élevages de chèvres ont soif
Dans cette large vallée au pied des Andes, Antonio compte ses chèvres. Il vient de redescendre de la montagne dans la province argentine de Mendoza, forcé, par le changement climatique, d'aller toujours plus haut pour faire paître son troupeau.
Eleveur de père en fils, depuis trois générations, il refuse de baisser les bras. "Je continue à me battre avec mes chèvres, fidèle au poste", explique à l'AFP Antonio Sazo, 68 ans. Avec sa femme et trois de ses enfants, ils possèdent 300 têtes à Arro Poñigüe, à 350 km au sud de la capitale provinciale, qui porte le même nom.
"La situation a beaucoup changé. Ça ne ressemble en rien à avant. Il y a encore deux ans, il y avait davantage de neige" en hiver, raconte-t-il dans son humble cahute.
Dans cette région de Mendoza, à 1.300 km à l'ouest de Buenos Aires, le manque de neige se fait sentir au printemps quand, au moment du dégel, l'eau irrigue à peine les pentes de montagnes, les lacs s'assèchent et l'herbe se fait rare.
"Le changement climatique a altéré tout le cycle de la vie dans la région", explique à l'AFP Ivan Rosales, ingénieur en agronomie à Mendoza.
En 2019-2020, le débit des rivières devrait être 11% inférieur à la saison précédente et 54% inférieur à la moyenne historique de la province, selon les chiffres du gouvernement local.
"L'an dernier, nous avons dit qu'il ne s'agissait pas d'une urgence, mais de quelque chose qui s'est installé. Cela fait 10 ou 11 ans que le même schéma se répète", a souligné le responsable de l'irrigation de Mendoza, lors de la présentation d'un rapport en octobre, appelant à un usage raisonnable de l'eau.
Le drame personnel d'Antonio, dans le sud de la province, contraste avec la santé éclatante des vignes de Malbec, au centre et au nord de Mendoza, qui sont alimentées par des systèmes d'arrosage sophistiqués.
Le réchauffement global affecte également les glaciers de la cordillère des Andes, dont la taille se réduit année après année.
"Ici, il y a une grande sécheresse, il fait très froid et il y a beaucoup de vent", se plaint Antonio, la peau tannée par les éléments et les mains noircies par son travail, tandis qu'il conduit vers l'étable des chèvres qui vont mettre bas.
Mais cet éleveur a bien remarqué la baisse du nombre des naissances ces derniers temps.
Les troupeaux, qui tournaient avant autour des mille têtes, ont été divisés par trois, comme celui d'Antonio, qui parvient à peine à entretenir sa famille. Quatre de ses sept enfants ont dû partir chercher du travail en ville.
Aux conséquences sur la production, s'ajoutent celles sur les familles. Les jeunes vont en ville chercher une meilleure vie "mais ils ne peuvent pas toujours trouver une autre activité et finissent dans les bidonvilles des environs", souligne l'ingénieur Rosales.
Dans le haut de cette vallée, les éleveurs de chèvres se disputent l'eau avec les exploitations agricoles de moyenne taille qui produisent de la pomme de terre et de l'ail en contrebas. Ces dernières disposent de meilleures infrastructures pour capter le précieux liquide, comme des canaux d'irrigation.
"Environ 5% du territoire de Mendoza dépend de l'irrigation, et c'est là que vit 95% de la population, tout le reste est de l'agriculture pluviale et dépend des cycles de la météo. C'est là que se trouvent les élevages d'ovins, de caprins et équins. Il n'y a pas d'autre activité possible", explique Ivan Rosales. En décembre, Antonio Sazo espère vendre les chevreaux nés en octobre. "Mais les animaux ne grossissent pas, ils ne produisent pas de lait pour les chevreaux", se plaint-il.


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