Bayân et figures de style



“Solo” remporte le Grand prix du Festival national du théâtre

D’après le roman “La nuit sacrée” de Tahar Ben Jelloun.


H.B
Vendredi 8 Décembre 2017

La pièce théâtrale "Solo" de la troupe Akoun pour la culture et les arts de Rabat a remporté, mercredi soir à Tétouan, le Grand prix de la 19ème édition du Festival national du théâtre, organisé sous le Haut patronage de SM le Roi Mohammed VI. Le Prix de l’écriture théâtrale  a été décerné ex-aequo à Mohamed El Hor et Hajar El Hamidi pour le texte de la même pièce, tandis que le prix de la mise en scène est revenu à Mohamed El Hor.
Solo est un long poème tragique  qui raconte l’histoire d’une femme exceptionnelle : Zahra, un être asexué, née femme et devenue homme par la volonté de son père. Le récit prend son envol lors d’une certaine nuit du Ramadan, à savoir la Nuit du destin. Le père de Zahra, à l’article de la mort, demande à sa fille de quitter la maison familiale pour s’engager dans sa nouvelle vie de femme.
Zahra part ailleurs et son destin la conduira à Agadir où elle rencontre Assise, réceptioniste au hammam. Celle-ci la prend en pitié et l'invite à venir vivre chez elle. Elle lui demande de tenir compagnie à son frère, le Consul, qui a perdu la vue lorsqu'il était enfant. Le Consul et la narratrice entament une relation qui ne plaît pas à Assise. Laquelle s’est vengée en ayant recours à l’oncle de Zahra qui, sitôt arrivé à Agadir,  l'a accusée de mensonge, et de vol de l'héritage familial.
La narratrice le tue violemment avant d’être incarcérée. En prison, elle s'escrime à vivre comme une aveugle en mettant  un bandeau sur les yeux et trouve refuge dans ses rêves. Pourtant, cette parenthèse sera vite fermée avec le retour des sœurs de Zahra, qui lui en veulent encore d'avoir tenu un   rôle de garçon et qui ont fini par lui coudre les lèvres du vagin.
Un texte fort, poétique et bouleversant qui a été savamment mis en scène et intelligemment orchestré. En effet, dès les premières minutes, on tombe sous le charme. On est saisi par un rythme de jeu en perpétuel mouvement et qui est à la fois mouvant, surprenant et inattendu.
Pas de décors cossus, pas trop d'effets sonores ni de jeux de lumière déplacés. Les scènes ont été conçues comme des tableaux ou plutôt des séquences cinématographiques servies par deux panneaux représentant les différents lieux de la cité (maison, terrasse, chambre, hammam, rue).
Une scénographie savante a servi d'écrin au jeu des  acteurs qui ont donné vie au texte de Ben Jelloun et à ses personnages grâce à leurs performances finement subtiles. Leur jeu digne des meilleurs acteurs de composition a  donné sa véritable chair au destin, aux tourmentes, aux fragilités et aux déboires des personnages en faisant résonner leurs interrogations et leurs controverses sur la question du genre, la religion, la domination, le bien et le mal…
Le rôle de  Zahra, merveilleusement campé par Hajar El Hamidi, nous a hissés au niveau de l’inaccessible quête d’une femme qui se cherche, qui découvre la vie et les indicibles délices de l’affranchissement. Il y a aussi l’aveugle, le sage, le personnage touchant qu’on aime tous avoir comme ami et qui a été magistralement interprété par Said El Harrassi. Il y a également la sœur qui n'arrive pas à retrouver ses marques sans son frère, joué avec finesse et grâce par Amal Ben Haddou. Des acteurs qui ont réussi une prestation qui enchante et facine à la fois.
Et ce fut tout à fait attendu d’un metteur en scène de la trempe de Mohamed El Hor, un fou de théâtre et de beaux  textes. Un artiste, un vrai, qui exige trop de lui-même et de ses acteurs et qui place toujours la barre très haut. Un vrai connaisseur  de la scène qui sait diriger ses acteurs avec une finesse et une adresse qui relèvent du  grand art.
Il est enfin à rappeler que cette édition du Festival national du théâtre a été ponctuée de rencontres littéraires, de conférences, et d'ateliers au profit des jeunes et des associations théâtrales sur "l'interprétation théâtrale et l'expression corporelle", "le théâtre et le développement personnel", et "l'interprétation et l'improvisation théâtrales", ainsi que des cérémonies de présentation de nouvelles publications théâtrales, dont "Théâtre et politique", "Esthétique de la transcendance et de l'immanence, théâtre et identité", "L'oubli" et "Signature". De même, 18 œuvres théâtrales ont été présentées parallèlement à cette manifestation culturelle, organisée par le ministère de la Culture et de la Communication, département de la Culture, en partenariat avec la province de Tétouan et en collaboration avec le Théâtre Mohammed V, les conseils élus des villes de Tétouan, Martil, M'diq et Fnideq.


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