Le déclic pour M’Hammed Sajidi fut une image et une transposition de celle-ci à la situation de Samy qui avait souffert le martyre en France, comme il l’avoue à sa manière et avec ses propres mots, tant au sein d’un hôpital psychiatrique que de l’hôpital de jour. Par la suite, ce fut le déclenchement d’un combat sans relâche qui dure depuis sept ans et dont la phase la plus récente a été la publication d’un « Rapport sur la situation de l’autisme au Maroc ». Les données y contenues sont, pour le moins, alarmantes. Il y aurait, chez nous, entre 338.000 et 563.000 personnes atteintes de syndrome autistique au sens le plus large du terme dont 108.000 à 180.000 enfants. 64.00 à 10.680 nouveau-nés en sont également atteints chaque année. Il s’agit donc d’un véritable problème de santé publique. Un problème dont la déclaration de 2005, Année de l’autisme et la signature un an plus tard d’une convention quadripartite de partenariat atteste de l’urgence, mais dont le manque de suivi des recommandations formulées en l’occasion dénote du peu de rigueur dans le traitement de la question.
A ce jour, le Maroc ne possède, en effet, aucun plan pour le traitement de l’autisme, aucun centre de dépistage et de diagnostic, aucun centre d’intervention précoce, aucun centre de formation professionnelle que ce soit dans le domaine médical, éducatif ou de thérapie spécifique à cette pathologie. Encore moins une recherche scientifique continue et sérieuse.
Bref, c’est le désert le plus total. Et pourtant, le Maroc est interpellé et doit agir, ne serait-ce que pour honorer les engagements auxquels il a souscrit, en signant plusieurs conventions internationales dont celle relative aux droits de l’enfant. L’article 3 de celle-ci dispose que « les Etats parties s'engagent à assurer à l'enfant la protection et les soins nécessaires à son bien-être, compte tenu des droits et des devoirs de ses parents, de ses tuteurs ou des autres personnes légalement responsables de lui, et ils prennent à cette fin toutes les mesures législatives et administratives appropriées ». Entre-autres celles permettant à toutes les personnes autistes de mener une vie indépendante et de s'épanouir dans la mesure de leurs possibilités, de recevoir une éducation appropriée, accessible à tous et en toute liberté et de bénéficier d’un diagnostic et d’une évaluation clinique précise, accessible et sans parti pris. On en est encore loin. Malheureusement.