Abdellatif Chlih réclame justice. Le père de la jeune Marocaine, Aïcha, tuée le 20 juin dans un bombardement de l’Otan contre le domicile d’un dignitaire du régime Kadhafi, chez qui la défunte travaillait comme femme de ménage, joint ainsi sa voix à celle de la famille de l’employeur de sa fille dans l’un des procès historiques. Abdellatif Chlih et les membres de la famillede Khouildi Hemidi, qui avait perdu ses trois enfants et sa femme dans cette attaque, accusent directement l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord de «l’assassinat» de leurs proches. Le procès s’ouvrira le 23 août au tribunal de première instance de Bruxelles. Les plaignants réclament la réparation du dommage moral (perte de leurs proches) et matériel (destruction de la maison) subi lors de cette attaque. Fait sans précédent, le procès fait la une des journaux européens, notamment belges. Les responsables de ce drame, en l’occurrence le Secrétaire général de l’Otan, Anders Fogh Rasmussen, et le général canadien Charles Bouchard, qui commande l'opération «Unified Protector» de l'Otan en Libye, doivent répondre aux chefs d’accusation. Ils demeurent les principaux visés dans cette affaire. Les parents des victimes prévoient également d’ajouter des politiques européens et américains dans ce dossier qui s’annonce déjà chaud, d’autant que certains observateurs le qualifient de feuilleton d’hiver de l’Otan.
Tout a commencé quand les forces de l’Otan ont bombardé le 20 juin dernier une résidence située à 70 km à l’ouest de Tripoli. Ils projetaient d’assassiner Khouildi Hemidi, ce conseiller historique du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi. Bilan : une quinzaine de victimes civiles, selon les autorités locales. Parmi elles, Aïcha Chlih. Le fils du conseiller de Kadhafi, Khaled Hemidi, a perdu ses trois enfants ainsi que son épouse lors de cette attaque des forces de l’Alliance. Il n’a pas tardé à recourir à la justice et a déposé une plainte à Bruxelles contre l’Otan. Il sollicite ainsi les services de deux avocats, un Français et un Belge, réputés en la matière. Me Ghislane Dubois entre également dans la partie puisqu’il vient d’être mandaté par le père de la victime marocaine, Aïcha. «Abdellatif Chlih va donc se joindre à l'action initiale que mène M. Hemidi. Les plaignants accusent l’Otan de crimes de guerre.», a-t-il déclaré lundi à la presse belge. Plusieurs ONG locales et internationales se sont mobilisées dans cette affaire.