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S’endetter plutôt qu’éduquer et soigner ?

Un pays sur huit consacre un budget plus important à la dette qu’à l’éducation, à la santé et à la protection sociale, selon l’Unicef

Mercredi 7 Avril 2021

Les gouvernants du monde seraient-ils plus enclins à s’acquitter du service de la dette qu’à former, soigner et protéger leurs concitoyens ? C’est ce que laisse penser le rapport du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) sur la Covid-19 et la crise imminente de la dette. Ce document, rendu public récemment, mérite qu’on s’y attarde vu qu’il éclaire sur la place réelle des questions sociales dans l’agenda politique de plusieurs gouvernants du monde. En effet, selon les données d’avant la pandémie de Covid-19, un pays sur huit consacre un budget plus important au service de la dette qu’à l’éducation, à la santé et à la protection sociale réunies. Comme pour souligner la gravité de la situation, l’étude montre que « 25 pays du monde - dont la plupart ploient déjà sous le poids de la pauvreté et des privations - ont consacré au service de la dette en 2019 une part plus importante de leurs dépenses publiques qu’à l’éducation, à la santé et à la protection sociale réunies ». Le rapport note qu’avant la pandémie, certains pays comme la Gambie, Haïti, le Soudan du Sud et le Tchad consacraient au moins 3 dollars américains à la dette pour chaque dollar alloué aux services sociaux essentiels, alors qu’ils ont les niveaux les plus élevés de service de la dette. Les auteurs du rapport relèvent en outre qu’un quart des pays à revenu faible ou intermédiaire - où vivent 200 millions d’enfants - sont actuellement surendettés ou risquent de l’être. Le problème, comme le fait remarquer la directrice générale de l’UNICEF, Henrietta Fore, c’est que « les enfants vivant dans des pays lourdement endettés qui n’ont pas beaucoup de ressources à allouer à la protection sociale, à l’éducation et à la santé ont peu de chances de s’affranchir un jour de la pauvreté et des privations ». Ce n’est pas tout. Elle relève également que « cette situation a d’énormes coûts sur les plans personnel et public et laisse aux enfants, à leur communauté et à leur pays peu d’espoir d’un développement économique et social durable». Pour les auteurs de cette étude, il est donc impératif que des mesures soient prises à l’échelle mondiale pour protéger les dépenses sociales et, en particulier, le droit de chaque enfant à la sécurité sociale, à l’éducation et aux services de santé. Comme le préconise le rapport pour protéger les droits des enfants dans le sillage de la Covid19, « il est crucial d’adopter un nouveau système international de restructuration de la dette, qui se caractérise par un appui concessionnel plus important aux pays pauvres lourdement endettés, une plus grande transparence de la dette dans le cadre des processus budgétaires nationaux et une action concertée de la part des créanciers ». Pour Henrietta Fore, « il est essentiel d’alléger et de restructurer en profondeur la dette pour assurer une reprise qui soit à la fois inclusive et durable et éviter aux enfants de subir un double fardeau : la réduction des services sociaux aujourd’hui et l’accroissement de la dette à l’avenir ». Mais pour cela, il faut encore que les organisations internationales, les créanciers et les gouvernements unissent leurs efforts pour réduire le fardeau de la dette et affecter les économies ainsi réalisées à des investissements sociaux pour tous, a-t-elle expliqué. Si les pays du G20 ont adopté une Initiative de suspension du service de la dette allant d’avril 2020 à juin 2021, l’Unicef regrette que seul le tiers des pays pouvant en bénéficier y participent véritablement. Par ailleurs, bien que cette initiative ait contribué à maintenir le niveau des dépenses de santé et de protection sociale dans les 46 pays participants, force est de constater que les dépenses d’éducation ont déjà été réduites au cours des 12 derniers mois. Plus grave encore, le rapport déplore le fait que « les pays endettés ont revu à la baisse les budgets consacrés à la protection de l’enfance, à la nutrition et aux services d’approvisionnement en eau, d’assainissement et d’hygiène». Vu que la pandémie a entraîné une catastrophe mondiale en matière d’éducation, «il est urgent d’y remédier pour éviter que la génération de la Covid-19 ne soit une génération perdue», a rappelé la DG de l’Unicef. Ceci d’autant plus que, du fait de la pandémie et du fardeau de la dette pesant sur bien de pays, «nous observons déjà un recul des budgets consacrés à l’éducation à l’heure où les pays doivent pourtant investir en faveur de l’amélioration des écoles et des systèmes éducatifs». 

Alain Bouithy

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