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Remaniement attendu sur fond de deuil national en Irak

Le pays est entré dans une grave spirale de violences


Vendredi 11 Octobre 2019

L'Irak a entamé jeudi un deuil national après la mort de plus de 100 personnes, en grande majorité des manifestants abattus par balles alors qu'ils réclamaient la chute du pouvoir, lequel propose à présent un remaniement pour répondre à la crise politique.
Alors que les réseaux sociaux sont toujours inaccessibles dans le pays -sauf par VPN quelques heures par jour désormais- de plus en plus de photos et de vidéos émergent.
On y voit des protestataires -qui ont d'abord réclamé des emplois et des services avant de demander "la chute du régime"- mortellement touchés au torse ou au ventre par des balles, ou courir se mettre à couvert sous des feux nourris.
Les autorités, qui ont accusé depuis le début le 1er octobre de ce mouvement des "tireurs non identifiés" et des "saboteurs" infiltrés, ont toutefois reconnu un "usage excessif" de la force dans un bastion chiite de Bagdad, en faisant porter la responsabilité à l'armée.
Alors que la contestation et les violences ont cessé depuis mardi, le gouvernement d'Adel Abdel Mahdi a proposé des aides sociales pour faire baisser le chômage qui touche un jeune sur quatre, tandis que le ministère du Travail leur proposait de s'inscrire en ligne pour obtenir des postes.
Le gouvernement et le Parlement ont également ordonné des aides au logement alors que l'Etat a récemment lancé une campagne contre l'habitat informel attisant la colère qui a mené à la contestation du 1er octobre et ajoutant les noms des morts de la semaine --manifestants et policiers-- à la liste des "martyrs" du pays, assurant une pension à leurs familles.
Pour répondre aux revendications des Irakiens, dont un sur cinq vit sous le seuil de pauvreté dans l'un des pays les plus riches en pétrole du monde, Abdel Mahdi a, dans son second discours à la nation en moins d'une semaine, indiqué qu'il allait proposer jeudi un remaniement ministériel au Parlement.
Cette assemblée, fortement divisée, reste suspendue à la participation ou non de son bloc le plus important: les 54 députés de la liste de l'influent et très versatile leader chiite Moqtada Sadr, qui compte des ministres au gouvernement mais a réclamé il y a près d'une semaine la démission du cabinet.
A Bagdad, deuxième capitale la plus peuplée du monde arabe, la vie était revenue à la normale, avec des embouteillages sur les principaux axes, la réouverture des écoles, des administrations et des commerces.
Aux entrées de la ville et à l'extérieur toutefois, les check-points barrant les principaux axes du pays fouillent les véhicules, tandis que des troupes supplémentaires y sont déployées.
L'Irak est entré le 1er octobre dans une spirale de violences: des manifestations d'apparence spontanées parties de Bagdad ont gagné les villes du sud, et les protestataires ont rapidement essuyé des tirs à balles réelles.
Amnesty International a appelé les autorités à enquêter "correctement" sur l'"usage excessif et mortel" de la force par les services de sécurité, indiquant avoir interviewé huit militants et journalistes qui ont dit avoir vu des manifestants tués par des tireurs embusqués.
En outre, assure l'ONG, si les tireurs n'étaient pas des membres des forces de l'ordre, ces dernières ont échoué à protéger les manifestants ou arrêter ces tireurs.
Washington a appelé Bagdad à la "retenue maximale", tandis que Londres a exprimé "sa préoccupation" face aux récentes violences et souligné la nécessité de "respecter le droit à manifester pacifiquement et la liberté de la presse".
Amnesty a dit avoir recueilli des témoignages décrivant une "campagne sinistre de harcèlement, intimidation et arrestations de militants pacifiques, journalistes et manifestants".
Plusieurs télévisions locales ont été saccagées, menacées ou ont préféré interrompre leur diffusion après des raids menés dans la nuit par des hommes armés vêtus d'uniforme. Et des militants et journalistes ont indiqué avoir été menacés par téléphone.
Dans un pays écartelé entre ses deux principaux alliés -l'Iran et les Etats-Unis-, où les dirigeants s'accusent mutuellement d'allégeance à des puissances étrangères, le président Barham Saleh a appelé à un "dialogue national" qui, pour le moment, a donné lieu à une série de rencontres, entre parlementaires, ainsi qu'entre gouvernement et chefs tribaux et de partis politiques.
Dans le Sud, où les violences se sont calmées au même moment qu'à Bagdad, les pèlerins chiites continuent de converger, à pied pour la plupart, vers Kerbala, ville sainte à 100 km au sud de Bagdad. Le 20 octobre, ils y commémoreront l'Arbaïn, le plus grand pèlerinage de l'islam chiite au monde, qui rassemble des millions de visiteurs, principalement d'Irak et d'Iran.


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