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Recrudescence des tempêtes de sable dans la zone MENA

Les causes précises de leur multiplication n’ont pas encore été clairement établies


Chady Chaabi
Samedi 6 Janvier 2018

Si la mer domine 71% de la surface de notre planète, les contrées désertiques et les régions arides recouvrent quant à elles, 40% de la surface terrestre. Ces parties du globe, disséminées aux quatre coins du monde, se divisent en trois catégories: froid, polaire et subtropical. Elles attirent la curiosité aussi bien scientifique que touristique et sont surtout la source des tempêtes de sable, l’un des phénomènes météorologiques les plus spectaculaires et les plus complexes qui puissent exister. 
Régies aussi bien par des facteurs anthropiques que naturels, les tempêtes de sable ne respectent ni saison ni frontière. Elles furent à la fin de l’été, au centre d’une importante conférence internationale réunissant d’éminents scientifiques, à Téhéran. Parrainée par l’ONU et l’Iran, cette assemblée a eu pour sujet, les causes et les conséquences de la recrudescence des tempêtes de sable au Moyen-Orient mais aussi en Afrique du Nord. 
Justement, s’étalant le long d’un territoire de 266.000 m², le Sahara, partagé entre le Maroc, la Mauritanie et l’Algérie est souvent assailli par des vents violents et forts, connus sous le nom de Chergui. Quand ces derniers sont accompagnés d’une dépression intense, ils deviennent l’une des causes des tempêtes de sable. La seconde raison tient dans des lignes d’orage, engendrant de fortes rafales de vents descendantes. 
Au Maroc, ce phénomène atmosphérique violent se décline sous la forme de tornades, surnommées «Djinns dansants», mais encore, en nappe, brouillard ou brume épaisse. Cependant, sa forme la plus impressionnante est symbolisée par un mur de sable d’une hauteur de 2000m, ayant la capacité de parcourir 80km/h et de durer jusqu’à 3 heures. 
Pour mieux comprendre les enjeux et les effets de cette expression de Dame Nature, il faut s’attarder sur son mécanisme et notamment l’action du vent. Au début, l’action dite de la « reptation » déplace le plus gros du sable à ras le sol, ensuite, c’est au tour de particules plus légères. Celles-ci s’envolent dans l’atmosphère et rebondissent au sol en éjectant alors d’autres particules, grâce au processus dit de « saltation ». A la différence de ce dernier, le phénomène de la « diffusion suspension », permet aux grains les plus fins et les plus légers d’être transportés par le vent et dispersés. 
Les grains de sable en provenance du Sahara atteignent non seulement les régions voisines mais peuvent également parcourir des distances inimaginables, transportant des nutriments vers les terres et les océans. Par exemple, une tempête de sable du Sahara a le pouvoir de nourrir régulièrement les vastes forêts tropicales amazoniennes. 
Aux antipodes de ces bienfaits, les tempêtes de sable sont à l’origine de plusieurs tribulations. D’une part, de graves problèmes de santé peuvent se développer à mesure que les populations respirent ces substances. Les particules fines de sable entrent directement dans la circulation sanguine. De plus, des études scientifiques laissent entendre qu’une proportion importante de cancers de poumon dans la «ceinture de poussière» du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord aurait pu être causée par l’exposition aux poussières désertiques.
D’autre part, c’est l’aspect économique qui trinque. Outre les avions cloués au sol et les aéroports en arrêt, les tempêtes de sable précipitent le processus de désertification des terres et détruisent en conséquence tout un écosystème et mettent en danger les modèles agricoles des régions concernées. Par ailleurs, la dangerosité de ce phénomène est renforcée par les substances biologiques comme des bactéries, des spores de pollen, des champignons et des virus transportés avec le sable.
Les causes précises de la multiplication des tempêtes de sable n’ont pas encore été clairement établies. Néanmoins, l’une des plus concrètes réside dans le détournement des ressources en eau pour l’agriculture. En effet, l’humidité est pour le sol comme une colle. Quand ce dernier se dessèche, le sable est plus enclin à être transporté par l’action du vent. 
Ainsi, à l’image des dualités qui régissent l’expression de Dame Nature, le Sahara marocain se trouve être à la croisée des chemins, entre enfer et paradis. Et selon les communautés scientifiques, la limite entre les deux devient plus ténue qu’un grain de sable. La gestion des ressources en eau devient, dans ce cas, un enjeu majeur pour ne pas basculer vers l’horreur que vivent les Irakiens, subissant jusqu’à 300 « épisodes de sable » par an. 







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