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Ramadan à nos portes

Les produits fortement consommés par les Marocains connaissent en cette période une flambée de leurs prix de vente


Mohamed Jaouad Kanabi
Mardi 24 Avril 2018

Ramadan, c’est un fait, modifie profondément notre rythme de vie. Changements d’horaire qui perturbent énormément au regard des boitiers indiquant l’heure et dont les aiguilles mueront par quatre fois comme à chaque année que le mois sacré arrive après le printemps, conjugués à la nonchalance administrative qui doit sa raison d’être à la mise en place d’un horaire continu écourté pour une période donnée et vas-y ! On peut oser exprimer un joli ‘’bonjour les dégâts’’ de circonstances ! Et puis, souvent l’horloge publique ne suit pas cette modification radicale. Elle restera de marbre et en signifiera même son désaccord par monde digital interposé (PC et autres… ne suivront pas par exemple) à ce concept d’été digne d’un feuilleton à en griser et éberluer le plus brave d’entre nous.
Ramadan est un mois si particulier par bien des choses qu’au-delà du regain soudain -on va dire- de la spiritualité et de l’état d’exaltation qui en saisit plus d’un pour la bonne cause, il est comme un sentiment étrange de voyage vers une autre planète de par un train-train de onze mois que l’on égare le temps d’une période de jeûne. C’est à s’y perdre presque.  En effet, le way of life qui s’y incruste est tout à fait spécial. La frénésie et la ruée des jeunes et des moins jeunes vers les mosquées ou autres lieux de culte ‘’msela’’des différentes villes du Royaume, qui, ô paradoxe d’un phénomène caractéristique à notre société, ne les fréquenteront plus le reste de l’année sont  illustratives à plus d’un titre d’une  approche envers notre religion et sa mysticité.
Pour ce qui est du commerce, on s’accorde généralement à compatir pour les caisses publiques vu que le mois sacré n’est pas le mois approprié. L’informel et le privé n’ont guère à se plaindre de ce côté, on ouvre assez tard, et on ferme le temps du ftour pour reprendre de plus belle après la prière du soir (Al Isha). La plupart des magasins rouvrent, jusqu’à une heure assez tardive, car tout le monde est dehors, vie et fraîcheur nocturnes obligent. Et par ces temps où les nuits sont courtes, on ne vous dit pas l’état dans lequel on se retrouve au réveil pour aller au boulot, laxisme et paresse vont, cela va de soi, de pair.   
 Force est de constater aussi qu’à environ trois semaines de Ramadan, des commerces changent d’activité d’une manière déconcertante. Des conversions souvent qui sortent de la logique de tout un  chacun. Bref, des locaux commerciaux d’ordinaire dédiés à la restauration se transforment à la vente de sucreries et friandises à surdose calorique, glucidique et protéinique. Celui-là, d’exemple, grillait des sardines à longueur d’année, se retrouve du jour au lendemain vendeur de ‘’chabakia’’ ou dattes et autres produits ramadanesques. D’autres feront carrément l’impasse sur le mois sacré pour relooker boutiques, cafés, bars et autres magasins et accorderont le mois de congé aux employés qui en profiteront pour rejoindre le bled.
On passera bien sûr l’incivisme régnant durant cette période comme se garer en troisième file pour faire des emplettes de brioches qui ne seront pas toutes consommées et donc jetées, le mois de Ramadan étant réputé pour être celui du gaspillage alimentaire par excellence. De quoi se révolter au regard du panier de la ménagère déjà peu épargné par la cherté de la vie en cette période spécifique. En effet, les produits fortement consommés par les Marocains connaissent, c’est une certitude ici-bled, une flambée de leur prix de vente. Chaque Ramadan bon an mal an, on le constate sur les principaux marchés du Royaume. En quelques jours, les denrées alimentaires et plus particulièrement les légumes passent du simple au double tandis que d’autres (viandes, œufs, poissons et produits importés comme d’exemple les féculents, lentilles, etc) connaissent une hausse conséquente.
Souvent et malgré les mises en garde de l’autorité, le citoyen marocain n’y échappe pas, manque de contrôle et cupidité de commerçants ajoutant à cette situation de spéculation. Ces derniers profitent largement de cette période à forte demande et du laxisme ambiant de la part de l’administration ainsi que de la complicité des intermédiaires pour augmenter leurs marges et maximiser leurs bénéfices quoiqu’à la source les prix soient assez bas. 


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