"Le châtiment: l'impensable fin de Moubarak», titrait Al-Ahram weekly. "Moubarak et son régime aux mains de la justice et bien présents», soulignait de son côté le quotidien gouvernemental Al-Ahram. Jusqu'au moment où il est apparu dans le tribunal, rares étaient ceux qui croyaient que l'ex-président, malade et soigné depuis avril à l'hôpital de Charm el-Cheikh, serait présent dans la salle.
"Et la révolution égyptienne a réussi», se réjouissait pour sa part Al-Dostour (indépendant), dont l'ancien rédacteur en chef, Ibrahim Eissa, avait été condamné à de la prison en 2008 pour avoir évoqué la santé de M. Moubarak, avant d'être gracié. Le quotidien Rose el-Youssef, lui, estimait que ce procès avait rendu "leur dignité à l'Egypte et aux Egyptiens». "Une seule image du président déchu, sur son lit à l'intérieur du box, a tout changé. Les révolutionnaires ont été rassurés sur le fait que le procès était réel et non une comédie», affirme Al-Masri Al-Yom dans un éditorial.
Les militants pro-démocratie, qui ont lancé le mouvement de contestation sans précédent ayant renversé M. Moubarak le 11 février, craignaient que l'armée, désormais au pouvoir, ne cherche à épargner l'ex-président issu de ses rangs.
Par ailleurs, la Cour pénale du Caire a repris, jeudi, le procès de l'ancien ministre égyptien de l'Intérieur Habib Al-Adli et six de ses collaborateurs, poursuivis pour le meurtre de manifestants durant la révolution du 25 janvier. Sont poursuivis dans le cadre de cette affaire les anciens chefs des forces de sécurité centrale, du département de la sécurité publique, de l'organisme des investigations de la sureté de l'Etat, de la sécurité du Caire, de la sécurité de Guizeh et les actuels assistants du ministre pour les affaires de l'encadrement et directeur de la sécurité de la cité de six octobre. Le parquet accuse l'ancien ministre de l'Intérieur Habib Al Adli et certaines autorités policières de "meurtre prémédité de plusieurs participants aux manifestations pacifiques à travers le pays ". D'après une commission d'enquête gouvernementale, 846 personnes ont été tuées et 6.476 autres blessées lors de ces manifestations. Dans un rapport, la commission a fait état d'un "usage excessif de la force par les services de sécurité" contre les manifestants en ouvrant le feu à balles réelles, en postant des tireurs sur les toits et en utilisant des véhicules pour faucher les protestataires.