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Pluie de roquettes sur la Ghouta orientale

Appels de la communauté internationale à un cessez-le-feu


Libé
Vendredi 23 Février 2018

L'artillerie du régime syrien a intensément bombardé jeudi la Ghouta orientale, faisant fi des appels internationaux à stopper le bain de sang dans ce fief rebelle où 335 civils dont de nombreux enfants ont péri en cinq jours de pilonnage incessant et dévastateur.
Le patron de l'ONU Antonio Guterres a demandé une trêve immédiate et dénoncé un "enfer sur Terre" dans cette région proche de Damas. L'Allemagne a appelé à faire cesser le "massacre". Les ONG se sont dites horrifiées par l'ampleur des bombardements, d'une violence inédite depuis le début de la guerre en 2011.
Et le Conseil de sécurité devait voter hier jeudi sur un projet de résolution réclamant un cessez-le-feu de 30 jours pour permettre l'accès à la Ghouta orientale. Sous réserve que la Russie, alliée indéfectible du pouvoir syrien, ne pose pas son veto.
Malgré tous ces appels, les forces du président Bachar al-Assad continuent de soumettre la Ghouta orientale à un déluge de feu pour le cinquième jour consécutif, prélude à une offensive terrestre pour reprendre cette région assiégée depuis 2013 par le régime.
Le coût humain est énorme. Les destructions sont colossales.
Jeudi, au moins 13 civils dont trois enfants ont été tués dans la chute d'une pluie de roquettes sur Douma, la principale ville de la Ghouta orientale, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Et ce bilan risque de s'alourdir dans la journée comme les jours précédents.
"Les tirs n'ont pas cessé. Environ 200 roquettes se sont abattues sur la seule Douma", a ajouté l'ONG.
Dans cette localité, sur la route menant à un hôpital, des mares de sang sont visibles partout, selon un correspondant de l'AFP sur place. A l'hôpital, des corps enveloppés de linceuls blancs, dont ceux de deux enfants, sont à même le sol.
Dans un autre secteur de la Ghouta orientale, à Hammouriyé, des habitants se pressent devant un magasin pour acheter de la nourriture, avant de prendre la fuite. Des obus ont explosé à proximité.
Le Haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, a appelé la communauté internationale à "mettre un terme à cette monstrueuse campagne d'annihilation".
La campagne militaire du régime déclenchée dimanche a fait au moins 335 morts parmi les civils dont près de 79 enfants et 50 femmes, et plus de 1.700 blessés, selon un dernier bilan de l'Observatoire.
Pendant la même période, 15 personnes ont été tuées par la chute à Damas, un bastion du régime, d'obus et de roquettes tirés par des rebelles islamistes ou des jihadistes depuis la Ghouta, selon les médias d'Etat et l'OSDH.
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a réclamé un accès à la Ghouta orientale pour porter secours aux blessés, qui meurent selon lui faute de soins immédiats et de matériel médical.
Plusieurs hôpitaux ont été touchés par les frappes et des immeubles résidentiels aplatis. L'aviation du régime a largué outre les bombes, des barils d'explosifs, une arme qui tue aveuglément et dénoncée par l'ONU.
"Le régime prétend viser des groupes armés mais en vérité il ne vise que les civils!", s'est insurgé Ahmed Abdelghani, un médecin qui travaille dans les hôpitaux bombardés de Hammouriyé et Arbine, des localités de la Ghouta orientale. "Ici, c'est un hôpital civil, pourquoi le régime nous vise-t-il?".
Quelque 400.000 habitants sont soumis à un siège asphyxiant du régime depuis 2013, avec des cas de malnutrition et de personnes affamées.
Le régime cherche à reprendre la Ghouta orientale pour, dit-il, stopper les tirs de roquettes sur Damas. Selon le quotidien syrien Al-Watan, l'offensive terrestre "d'envergure peut commencer à tout moment".
Avant la Ghouta orientale, plusieurs zones rebelles, comme la vieille ville de Homs en 2012 ou Alep en 2016, ont été écrasées par des bombardements et un siège étouffant pour forcer les combattants anti-régime à déposer les armes et les civils à fuir.
Déclenché le 15 mars 2011, le conflit en Syrie a fait plus de 340.000 morts. Après avoir d'abord opposé les rebelles au régime, il s'est complexifié avec l'implication de groupes jihadistes et de puissances étrangères.
Avec l'intervention de la Russie en 2015, le régime Assad, qui était en mauvaise posture, a réussi à reprendre le contrôle de plus de la moitié du territoire.
Moscou a de nouveau défendu son allié jeudi. "Ceux qui sont responsables de la situation dans la Ghouta orientale sont ceux qui soutiennent les terroristes qui s'y trouvent encore. Et comme vous le savez, ni la Russie, ni la Syrie, ni l'Iran ne font partie de cette catégorie de pays", a dit le Kremlin.


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