Plaidoyer à Safi pour la création d’ une Fondation du Festival national de l’Aïta


Libé
Dimanche 27 Septembre 2020

Les participants à une conférence organisée dans le cadre de la 19è édition du Festival national de l’Aita ont plaidé, vendredi soir, en faveur de la création d’une Fondation qui aura pour mission d’assurer une gestion professionnelle de cette manifestation culturelle d’envergure. La création d’une telle structure est de nature à promouvoir ce style musical et conférer à ce festival une dimension internationale, ont-ils expliqué lors de cette rencontre initiée sous le thème “Une pause de réflexion sur le festival de l’Aita” et marquée par la participation de chercheurs et spécialistes des questions du patrimoine, ainsi que de responsables du secteur culturel dans la région Marrakech-Safi. Pour Abderrahim El Atri, professeur de sociologie et d’anthropologie à l’Université Sidi Mohamed Ben Abdallah de Fès, la mise en place d’une Fondation du festival permettra, sans nul doute, de promouvoir ce genre artistique et de le faire sortir de la “marginalisation”, dont il a longtemps souffert. Dans ce contexte, il a mis en exergue le rôle de cet art durant la résistance contre le protectorat, un rôle qui reste encore méconnu, notant que les recherches et études demeurent encore rares sur ce genre artistique qui a longtemps été “marginalisé et associé à la culture de la luxure”. Ce chercheur a souligné que l’Aita est une expression artistique sublime, car faisant appel à plusieurs genres artistiques à la fois (poésie, théâtre, danse, chansons). Après avoir noté que “l’Aita a été longtemps lié à la campagne et aux marges et de ce fait, considéré comme un genre artistique n’ayant pas de place dans les villes, ce chercheur a estimé que le retour au local, la réconciliation avec le passé et avec notre patrimoine authentique et l’investissement dans le culturel, constituent une soupape de sécurité contre les impacts négatifs de la mondialisation. Dr. El Atri a, en outre, appelé à lutter contre tous les stéréotypes entourant ce genre, se félicitant de l’intégration de l’aita dans les sitcoms, une initiative qui a été très appréciée par le public, qui commence, désormais, à se familiariser avec ce genre musical et à fredonner ses paroles. Tout en relevant que ce genre est encore en quête de valorisation, il a estimé que cette dernière commence par le plaidoyer de ce genre artistique à travers les partenariats avec les universités. De son côté, Ahmed Ferdaous, journaliste et chercheur en patrimoine, est revenu sur les difficultés rencontrées lors du coup d’envoi de la première édition de ce festival, notant que ce projet culturel, qui est venu enrichir la carte des festivals nationaux, est un acquis qu’il faut préserver en lui garantissant la pérennité. M. Ferdaous a focalisé son exposé sur la gestion médiatique du festival national de l’Aita, mettant en exergue la relation intime entre l’art de l’Aita et la Tbourida et la chevalerie. Dans la foulée, il a mis en relief le rôle de cet art dans la résistance contre le colonialisme, relevant que ce style musical ancestral a relaté toutes les épopées historiques du Maroc. Dans son intervention, le directeur régional de la Culture à Marrakech-Safi, Azouz Boujamid, a abordé la place de l’art de l’aita dans le patrimoine immatériel du Royaume ainsi que les perspectives de la classification de l’art de l’aita en tant que patrimoine immatériel de l’UNESCO. Après avoir passé en revue les critères mis en place par l’UNESCO pour intégrer un style dans la liste du patrimoine immatériel universel, il a fait savoir que le ministère de tutelle a entamé l’étape de l’inventaire, transcription et la classification de l’aita. Dans ce contexte, il a relevé que l’intégration de ce patrimoine dans la liste des patrimoines de l’UNESCO reste tributaire de l’implication de tous les acteurs et intervenants concernés (artistes en premier lieu, société civile, chercheur du patrimoine et autorités de tutelle).


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