Permis de conduire ou permis galère

Un examen répulsif accouche d’une myriade de recalés


Mehdi Ouassat
Mercredi 27 Mars 2024

Permis de conduire ou permis galère
Exit les jours tranquilles où obtenir son permis de conduire ressemblait à une promenade de santé. Désormais, c'est une aventure digne des plus grandes compétitions culturelles ou intellectuelles.

Présentée comme un pas en avant vers l'amélioration de la sécurité routière, la récente réforme des examens pour l’obtention du permis de conduire suscite une profonde indignation parmi les candidats et les professionnels du secteur.

La pierre d’achoppement réside dans l'introduction par la NARSA d'une nouvelle banque de questions, comprenant un impressionnant arsenal de 1000 items pour l'épreuve du Code de la route. Si cette mesure vise, selon ses initiateurs, à garantir un niveau de compétence adéquat chez les conducteurs, elle a également généré une congestion sans précédent dans les centres d'examen, avec des taux de réussite exceptionnellement bas. 

Malgré les bonnes intentions de la NARSA, le premier jour de mise en œuvre de ces nouvelles règles a été marqué par une frustration généralisée parmi les candidats. Aucun d'entre eux n'a réussi à passer l'examen du Code de la route dans la ville de Rabat. A Casablanca, le taux de réussite n’a pas dépassé 5%, alors que seulement deux personnes ont réussi à Tétouan sur un total de plus de 80 candidats. Certains ont pointé du doigt la complexité des nouvelles questions dépassant le niveau de préparation des candidats, d’autres ont déploré l’absence de clarté dans les instructions et le manque de matériel de préparation adapté à ce nouveau format d'examen.

Entre nous, on se demande si cette réforme ne serait pas juste un peu trop... comment dire... tordue ? En plus d’être précipitée et mal calibrée, puisque les candidats se sentent désorientés face à cette avalanche de questions. Les professionnels du secteur redoutent, quant à eux, une dégradation de la qualité de la formation des conducteurs, avec pour corollaire une potentielle augmentation des accidents de la route.

Toutefois, ce n’est pas ce que pensent les responsables au sein de la NARSA. Pour eux, une baisse du taux de réussite était attendue avec le déploiement de cette nouvelle banque de questions et une phase d'adaptation à cette nouvelle norme s’avère nécessaire.

Toujours selon les responsables de la NARSA, si l'ancienne banque de questions, mise en place en 2004, avait permis des taux de réussite exceptionnels flirtant parfois avec les 100%, c’est parce qu’il y avait une filtration progressive de toutes les questions au fil des années, une particularité unique au Maroc. «En plus, ce taux de réussite vertigineux ne reflétait pas toujours le niveau réel de compétence des candidats», estiment-ils.

Alors doit-on comprendre que, pour eux, l'ancienne banque de questions était devenue trop facile, un véritable jeu d'enfant ? Et que dire des arguments avancés par les professionnels du secteur et par les candidats eux-mêmes ?

De toute façon, et au-delà de ces divergences, une question fondamentale émerge: quelle est la véritable finalité de cette réforme ? Est-elle réellement centrée sur l'amélioration de la sécurité routière, ou bien est-elle davantage motivée par des considérations bureaucratiques et statistiques ? 

De plus, la NARSA souhaite également informatiser davantage l'épreuve du Code de la route, imposant notamment une plateforme supplémentaire pour suivre et évaluer les candidats. Bien qu’elle ait rendu l'accès à la plateforme optionnel après ces critiques, la mise en œuvre de cette réforme a créé une crise dans le secteur, aggravée par des restrictions sur l'utilisation des véhicules dans les auto-écoles et l'obligation pour les moniteurs de repasser l'examen.

Peut-être que derrière toute cette histoire se cache un enseignement : les épreuves forgent les caractères autant que les succès. Et qui sait, peut-être qu'un jour, nos héros décrocheront enfin leur Graal automobile, avec une tonne de questions et une poignée de souvenirs absurdes à raconter. En attendant, la route vers le permis de conduire semble semée d'embûches mais aussi de quelques folies bureaucratiques…

Alors que la NARSA vise à améliorer la qualité des conducteurs, les changements abrupts et la complexité des nouvelles mesures ont semé le trouble dans le secteur. Dans cette période de transition, il est impératif que les autorités compétentes prennent en compte les préoccupations légitimes des différents acteurs du secteur. Il est également crucial de garantir un juste équilibre entre l'exigence de qualité et la nécessité de ne pas décourager des milliers de candidats désireux d'obtenir leur permis de conduire dans des conditions justes et transparentes.

Mehdi Ouassat


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