Mais ceux-ci ne sont que le prélude à des mois de discussions, le système politique fragmenté contraignant les partis à négocier pour faire émerger une coalition de gouvernement. M. Wilders finira-t-il par gouverner les Pays-Bas?
Former un cabinet est "un processus complexe et passionnant", assure le Parlement sur son site internet. Les partis politiques entament à l'issue du scrutin des discussions préliminaires pour explorer les coalitions possibles.
Une coalition a besoin de 76 sièges sur les 150 à la chambre basse du Parlement pour gouverner. M. Wilders a obtenu près de la moitié du chiffre magique, mais devra être soutenu pour former un gouvernement.
Au lendemain du scrutin, des partis politiques entament des discussions préliminaires pour explorer les coalitions possibles.
La chambre basse nomme ensuite un "informateur", chargé de définir les contours possibles d'un accord de coalition. Jusqu'en 2012, cette personne était nommée par le roi.
Lorsqu'il apparaît qu'un groupe de partis peut travailler ensemble intervient un "formateur" --presque toujours la personne qui a remporté le scrutin-- qui entame le travail délicat de constituer un cabinet potentiel.
Puis les partis signent un accord de coalition et le nouveau gouvernement propose ses plans à la chambre basse, qui devra ensuite se prononcer par un vote de confiance.
Le Nouveau Contrat Social (NSC) pro-réformes de Pieter Omtzigt, un nouveau parti avec une ligne dure sur l'immigration qui a remporté 20 sièges, avait rejeté avant le scrutin une coalition avec M. Wilders. Mais la large victoire du PVV semble l'avoir radouci.
Tout en concédant que le processus allait être "difficile", M. Omtzigt s'est dit prêt à négocier.
M. Wilders devrait aussi pouvoir compter sur le soutien du parti des agriculteurs BBB (sept sièges) et du parti d'extrême droite FVD (trois).
L'alliance de la gauche et des écologistes de Frans Timmermans (25 sièges) a d'emblée exclu la perspective d'une coalition avec M. Wilders.
Tous les regards sont donc tournés vers le Parti populaire pour la liberté et la démocratie (VVD, centre droit) du Premier ministre sortant Mark Rutte (24 sièges) et sa dirigeante d'origine turque, Dilan Yesilgöz, sans laquelle former une coalition semble difficile.
Elle a déclaré avant le vote qu'elle gouvernerait avec M. Wilders si elle était Première ministre, mais pas l'inverse.
Les partis s'affrontent généralement durant des mois pour insérer le plus grand nombre possible de points de leurs programmes dans l'accord de coalition. Et cela avant même la course aux maroquins.
Après les élections de 2021, il a fallu 271 jours pour créer la coalition qui devait être la dernière de M. Rutte, un record.
Cela pourrait prendre encore plus de temps cette fois-ci. "Dans un contexte de forte fragmentation, la formation du gouvernement reste presque plus importante que le résultat exact des élections", a expliqué Herman Betten du groupe de conseil Teneo.
La plupart des analystes ne s'attendent pas à ce qu'un gouvernement soit formé avant l'été prochain.
Le problème du système néerlandais est qu'avec des majorités si fragiles au Parlement, une coalition est toujours à la merci du retrait du soutien d'un petit parti.
Les coalitions doivent déjà intégrer un large éventail de points de vue émanant de partis souvent relativement éloignés politiquement, et qui s'étaient attaqués les uns les autres au cours de la campagne.
La dernière coalition de M. Rutte, fragile, s'est finalement effondrée après sa proposition de mesures clivantes autour de l'accueil des demandeurs d'asile.
Jusqu'à ce qu'un nouveau gouvernement prête officiellement serment, le gouvernement et le Premier ministre sortants dirigent le pays. C'est Mark Rutte lui-même qui a provoqué des élections anticipées, lorsque son cabinet a chuté sur la politique d'immigration. Il a ensuite annoncé qu'il quittait la politique nationale.
Connu internationalement pour se rendre au travail à vélo, grignotant parfois une pomme en chemin, M. Rutte est une voix forte en Europe.
Des spéculations prêtent à M. Rutte, deuxième dirigeant le plus longtemps au pouvoir de l'Union européenne après le Hongrois Viktor Orban, le souhait de succéder à Jens Stoltenberg à la tête de l'Otan.