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Environ deux heures après l'annonce du remaniement, les militaires arrêtent le président et le Premier ministre ainsi que plusieurs hauts dignitaires. Mardi, le colonel Goïta annonce qu'ils sont démis. Mercredi, les militaires annoncent qu'ils ont démissionné, sans qu'on sache si c'est de plein gré. Ils sont libérés dans la nuit de mercredi à jeudi. Jeudi circule le décret du colonel Goïta abrogeant la nomination des membres du cabinet de Bah Ndaw. Les militaires parlent de "différends profonds" et de "blocages" imputés à l'ex-président. Ils l'accusent de s'être ingéré personnellement dans la préparation des élections prévues début 2022, et d'avoir bloqué l'arrestation de responsables suspects de "mauvaise gestion financière".Ils n'étayent ces incriminations d'aucune preuve. Ils paraissent admettre que MM. Ndaw et Ouane ont suscité leur ire en écartant du gouvernement deux d'entre eux, acteurs du putsch de 2020 nommés ensuite ministres de la Défense et de la Sécurité. Les militaires ont promis la nomination d'un nouveau président et d'un nouveau gouvernement. En attendant, Assimi Goïta "assure l'intérim de la présidence de transition", a dit son cabinet jeudi. Les militaires ont reçu depuis lundi plusieurs acteurs de la vie politico-sociale, dont le Mouvement du 5- Juin, le collectif qui avait mené en 2020 la contestation contre le président Ibrahim Boubacar Keïta, achevée par le putsch d'août.
Le M5-RFP (pour Rassemblement des forces patriotiques) avait pourtant été marginalisé par les colonels dansla transition. S'estimant lésés, plusieurs membres, des barons de la politique depuis l'avènement de la démocratie en 1991,s'étaient placés dans l'opposition. Au milieu des rumeurs, le nom de Choguel Kokalla Maïga, une des têtes pensantes du M5-RFP, plusieurs fois ministre depuis 2002, revient avec insistance pour le poste de Premier ministre. En nommant quelqu'un du M5- RFP, les colonels s'assureraient leur soutien pour les neufs mois de transition restants, estime le chercheur Boubacar Haidara. Les appels à protester contre le coup de force n'ont trouvé quasiment aucun écho. La classe politique est éclatée depuis la chute de l'ex-président Keïta et la mort du principal opposant Soumaïla Cissé fin décembre. De nombreuses formations ont adopté une position attentiste. A Bamako, la lassitude a gagné beaucoup d'habitants. "Deux coups d'État en neuf mois et un implacable couperet: rien n'a changé", résumait jeudi le Journal du Mali, hebdomadaire de référence. Une mission de la Cédéao (Communauté des Etats ouest-africains, la même qu'en août) a été dépêchée à Bamako pour tenter une médiation. Elle est repartie sans dire un mot. Comme les principaux partenaires du Mali qui, à l'inverse d'août, ont réagi rapidement en condamnant le coup de force, elle réclame le retour à une transition conduite par des civils. Washington a annoncé mettre fin à son aide militaire.
La Cédéao, qui devrait réunir un sommet extraordinaire dans les prochains jours, l'Union européenne, la France et les Etats-Unis engagés au Sahel, menacent de sanctions. Ces partenaires s'inquiètent d'un surcroît d'instabilité dans un pays exsangue où la capacité de l'Etat à faire face à ses multiples défis est plus que jamais en doute et où l'emprise des groupes jihadistes va grandissant. Ils ne cessent de demander un engagement politique clair des capitales sahéliennes, rarement traduit dans les faits. En nommant un Premier ministre au sein du M5-RFP, les militaires pourraient trouver une "alliance avec des forces politiques maliennes pour convaincre les acteurs internationaux de les laisser poursuivre la transition", estimait jeudi le groupe de réflexion International Crisis Group (ICG).