
Kiev a dénoncé des déclarations qui "sapent" le processus de paix lancé par le président Petro Porochenko, confronté à un conflit qui a fait plus de 3.700 morts selon l'ONU. Pendant que dans la capitale ukrainienne, les partis pro-occidentaux ukrainiens sortis en tête des législatives négocient la formation d'une coalition, Moscou a rappelé qu'une partie du territoire ukrainien échappait à leur contrôle.
Environ trois millions d'électeurs vivant en zone rebelle, dans le bassin minier russophone du Donbass, ont été exclus du scrutin législatif du 26 octobre et les insurgés y organisent dimanche prochain des élections présidentielles et législatives dans leurs deux Républiques populaires autoproclamées de Donetsk et Lougansk.
"Nous reconnaîtrons bien entendu leurs résultats", a déclaré le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov dans une interview au journal russe Izvestia. "Nous espérons que l'expression du peuple sera libre et que personne ne viendra tenter de la perturber de l'extérieur", a-t-il ajouté. Moscou, qui selon Kiev et les Occidentaux soutient militairement l'insurrection armée prorusse, n'avait pas formellement reconnu en mai les référendums d'indépendance organisés par les séparatistes, contrairement à celui qui avait permis deux mois plus tôt le rattachement de la Crimée à la Russie.
Mais pour le chef de la diplomatie russe, il s'agit de "légitimer les autorités" rebelles dans le cadre des accords de Minsk qui avaient ouvert la voie à un cessez-le-feu le 5 septembre, permettant un apaisement des combats sans y mettre fin complètement.
Cet accord de paix prévoit pour les zones séparatistes une large autonomie avec un "gouvernement autonome provisoire" et des élections locales, dans le cadre d'une décentralisation et non d'une indépendance.
Mais alors que Kiev proposait un scrutin le 7 décembre, les séparatistes ont fixé leur vote au 2 novembre.
Les propos de M. Lavrov "sapent la désescalade et le processus de paix tout en affaiblissant la confiance en la Russie en tant que partenaire international sûr", a réagi Dmytro Kouleba, un haut responsable du ministère ukrainien des Affaires étrangères.
La crise ukrainienne, avec le renversement du président prorusse Viktor Ianoukovitch, l'annexion de la Crimée et le conflit armé dans l'Est, ont conduit à une détérioration sans précédent des relations entre Moscou et les pays occidentaux depuis 1991.
L'économie russe, sous le coup de sanctions visant notamment ses grandes banques et son vital secteur pétrolier, se trouve au bord de la récession. Le rouble a encore battu mardi des records de faiblesse par rapport à l'euro et le dollar et le ministre de l'Economie Alexeï Oulioukaev a admis que le phénomène avait un effet direct sur les prix, avec une inflation qui dépasse déjà 8%.
Mardi, les ambassadeurs des pays de l'Union européenne devaient faire le point sur leur arsenal de sanctions, mais pour les analystes de la banque russe Alfa, "il y a peu d'espoir de quelconque progrès".