-
L’intelligence artificielle et la démocratie participative au cœur du nouveau numéro de la REIEJP
-
Pr Mohamed Knidiri : Le FNAP est l’affirmation de notre identité, de notre culture et de la force de leur profondeur historique
-
1ère édition des Rencontres méditerranéennes de Tanger
-
Sous les étoiles de la Tanger Fashion week : Luke Evans, Chopard, Vivienne Westwood, une nuit étincelante pour la Fondation Lalla Asmaa
du pays et vient d’être interdit de projection
en Tunisie. Alors serait-il censuré au Maroc ?
Un cinéaste musulman qui réalise un film sur le Prophète Mohammed, c’est bien une première dans l’histoire du cinéma. Produit en Iran, «Mohammed, le Messager de Dieu» du réalisateur Majid Majidi traite de la naissance et de la jeunesse du Prophète de l'Islam sans toutefois montrer son visage. Seules sa silhouette et, par des effets spéciaux, sa vision du monde sont mises au premier plan. Malgré cela, le film a provoqué de vives tensions en Tunisie et a même fini par être censuré, comme il risque de l’être également au Maroc, à l’instar de nombreux autres longs-métrages, notamment «Much Loved» de Nabil Ayouch ou encore «Exodus» de Ridley Scott. En tout cas, si «Mohammed, le Messager de Dieu» se retrouve interdit de projection dans les salles obscures marocaines, cela sonnerait tel un démenti cinglant au positionnement du Royaume comme destination mondiale culturelle et cinématographique au moment où le Festival international du film de Marrakech se prépare à dérouler le tapis rouge pour ses stars mondiales.
Selon un exploitant de salle à Casablanca, la projection du film dépend, avant tout, du visa d’exploitation. «Si le Centre cinématographique marocain (CCM) accorde à ce film l’autorisation de projection, nous n’hésiterons pas à le programmer», précise notre source. Et d’ajouter : «Toute exploitation commerciale d’un film cinématographique sur le territoire national est, en effet, subordonnée à l’obtention d’un visa délivré par le directeur du CCM sur décision d’une commission dite de visionnage qui siège audit centre». «Selon le texte réglementant la cinématographie au Maroc, ajoute notre source, ladite commission veille au refus de visa ou à la coupure dans le contenu des films cinématographiques qui présentent des scènes contraires aux bonnes mœurs ou préjudiciables aux jeunes».
À l'évidence, l'évocation de la vie du Prophète dont la sacralité interdit toute représentation physique, reste une opération des plus délicates. Et même si le ministère de la Culture et de l'Orientation islamique iranien a qualifié le film d'exemplaire, ce dernier a provoqué une opposition en dehors de l'Iran. La puissante Académie de recherche islamique, associée à l'Université Al-Azhar d'Egypte, la plus ancienne université islamique active, avait notamment demandé, lors du début du tournage, que le film ne soit pas diffusé. «Nous exigeons que l’Iran s’abstienne de sortir le film, et craignons qu’une image faussée du Prophète puisse être conservée dans les esprits des musulmans. Nous appelons tous les cinéastes à respecter les religions et les prophètes», avait fait savoir ladite université dans un communiqué.
Interrogé sur la polémique et les violences que pourrait provoquer son long-métrage dans le monde musulman qui proscrit toute représentation du Prophète, Majid Majidi se veut confiant. «Des pays comme l'Arabie Saoudite auront des problèmes avec ce film mais beaucoup d'autres pays musulmans l'ont réclamé», affirme-t-il. « «Mohammed, le Messager de Dieu» ne dépeint pas le Prophète lui-même mais le monde tyrannique qui l'entoure tel qu'il le voit à travers ses yeux d'enfant, de sa naissance à l'âge de 13 ans», insiste le cinéaste. Par un jeu d'effets spéciaux, son visage n'apparaît jamais, «mais on voit sa silhouette et son profil». «Cela peut être dénoncé par certains», reconnaît le réalisateur. «Nous avons choisi une période de la vie du Prophète où il n’y a pas lieu à polémiquer entre la vision des groupes chiites et sunnites, nous avons fait ce film en vue d’amener l’unité dans le monde musulman», affirme le réalisateur, dont le journal britannique The Guardian a récemment fait écho à sa nature très religieuse, en rappelant son refus de se rendre à un festival de cinéma au Danemark au moment de la controverse des caricatures de 2006, ainsi que sa rencontre, en 2009, avec l'ayatollah Khamenei, leader suprême du pays. Ce dernier avait d'ailleurs visité le plateau au début du tournage.