Michel Legay, auteur de « THA 57/62. Le rideau déchiré d’un music hall explosif» : Une aventure truculente aux anecdotes inédites


Propos recueillis par ALAIN BOUITHY
Vendredi 21 Décembre 2012

Michel Legay, auteur de « THA 57/62. Le rideau déchiré d’un music hall explosif» : Une aventure truculente aux anecdotes inédites
En se lançant dans l’écriture
de ses mémoires, Michel Legay
n’avait qu’une idée en tête : « Rendre
à des souvenirs hors du commun leurs couleurs défraîchies. Raconter dans
un contexte violent et attachant une animation relevant d’un autre
univers », écrit-il. L’auteur, alors
directeur artistique du Théâtre aux Armées, n’imaginait sans doute pas qu’il offrirait aux lecteurs un fabuleux livre plein de belles histoires
humaines dans un contexte de guerre.
Il est vrai que « THA 57/62.
Le rideau déchiré d’un music hall explosif » est un régal, un journal
de bord aux ingrédients explosifs
dont le récit se situe entre 1957
et 1962, dans une Algérie en pleine guerre. Sur un ton empreint d’humour
et une situation tragique, l’auteur raconte ses aventures au cours
de cette période mouvementée.
Avec en toile de fond, une histoire d’amour avec Djemila, l’Algérienne qu’il a tant aimée, malgré la haine
et l’incompréhension entre
les communautés en présence. L’entretien suivant permet un
éclairage sur cet ouvrage  particulier.


Libé : La plupart des livres sur l’Algérie de cette époque-là s’intéressent davantage à la guerre. Votre récit fait exception, pourquoi ce choix?

Michel Legay : Je me suis intéressé à cette histoire tout simplement parce que je l’ai vécue. C’est une histoire strictement autobiographique. Cela peut paraître un peu prétentieux de le dire, mais c’est une histoire unique sans antécédent que j’ai été le seul, je crois, à la vivre et l’avoir vécue.
L’aventure que je raconte s’est déroulée en Algérie. Je  venais de Tunisie lorsqu’il m’a été demandé de créer une équipe de distraction telle que je l’avais connue auparavant en Indochine.
Votre récit se situe entre 1957 et 1962, une période de troubles en Algérie...
Effectivement, c’était à la fin de la guerre d’Algérie. Le rideau était tombé, si j’ose dire. C’est pourquoi le sous-titre du livre porte l’intitulé « Le rideau déchiré du music hall explosif ».
Pourquoi explosif ? Tout simplement, parce que la fin était effectivement bien explosive: les choses se sont très mal terminées, pour moi comme pour la jeune fille avec qui j’avais partagé des moments intenses.

Vous livrez là également un témoignage sur les distractions inédites de cette époque…

Effectivement, c’est un témoignage sur la manière d’offrir des distractions aux populations au cours de ces quatre années de guerre et de prouver qu’il n’y avait pas que le bruit des canons en Algérie. Qu’on savait aussi s’amuser en se racontant des anecdotes truculentes mais qui prenaient  l’allure de situations dramatiques.
Pourtant, cette histoire dévoilait un caractère mystérieux. Il s’agissait de cette aventure que j’ai eue avec cette jeune Algérienne qui était aux prises avec les combattants du FLN. Nous étions, elle et moi, obligés de vivre cachés, d’autant que nous venions de deux milieux culturels diamétralement opposés, ce qui risquait d’envenimer nos rapports.
La complexité de la situation était telle qu’elle ne voulait rien avouer ni à moi, ni à ses parents, ni à ses collaborateurs au travail qu’elle vivait sous la menace de gens qui l’épiaient dans l’ombre au point de l’entraîner dans le malheur.

Avez-vous eu des échos de votre livre du côté d’Alger ? Comment a-t-on accueilli la publication de vos mémoires ?

Je n’ai eu aucun écho. Quoi qu’il en soit, je pense que je finirai par faire connaître cette aventure absolument méconnue en Algérie. J’ai vécu là-bas pendant quatre ans en vase clos. On ne parlait pas de nos activités, ni dans les journaux, ni à la radio, ni à la télévision. Ce, malgré nos tournées et spectacles successifs à travers le territoire algérien.

Vous êtes installé au Maroc depuis 1987. Le Royaume vous inspire-t-il en termes de création ?

Bien sûr que le Maroc m’a inspiré dans l’écriture notamment pour ses beaux paysages. A ce propos, mon rêve est de voir un jour toutes ces belles images s’animer par un moyen audiovisuel, parce que c’est là la profondeur de l’histoire. Où trouver d’autres décors plus beaux, plus expressifs et aussi caractéristiques ailleurs qu’au Maroc ?

Quel message aimeriez-vous que le lecteur retienne de vos mémoires ?

C’est difficile à dire. Ce qu’il faut savoir, c’est qu’il y a des centaines peut-être des milliers de livres d’écrit sur l’Algérie qui ont tous raconté la même chose. Ce sont des livres politiques ou d’aventures ou encore des livres tels que le mien, c’est-à-dire autobiographiques, mais qui ont relaté des faits limités ou expliqués de différentes façons.
J’ai écrit ce livre pour tout simplement raconter une aventure qui était au cœur des événements vécus par bon nombre de gens encore en vie. C’était voir une Algérie sous un autre aspect avec un autre regard et d’autres pensées.

Avez-vous le sentiment que cette Algérie est différente de celle d’aujourd’hui ?

Je suis évidemment l’évolution que connaît l’Algérie aujourd’hui. Je suis  retourné là-bas où j’ai rencontré de vieilles personnes qui m’ont parlé d’indépendance. Vous constatez que je n’ai pas abordé cet aspect dans mon livre parce que j’estime que c’est trop profond et dramatique.
Je voudrais qu’on trouve à travers cette description de l’Algérie, cette petite histoire que j’ai vécue avec cette jeune fille et qui pourrait exister encore de nos jours un demi-siècle après. D’où la force et la portée de ce livre.


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1.Posté par granier claude le 23/01/2014 10:32
ancien militaire en algerie responsable du service auto a alger
C R T 10 j'ai eu plusieurs fois eu comme camarades de la compagnie
francis landoll,claude richard,danyel gerard ,mickey mercier, jo valdys
les lods,joe bill's ,jaimerais savoir ce qu'ils sont devenus .
avec mes remerciements.

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