L'exposition ouverte au public jusqu'au 8 avril vise, entre autres, à contribuer à la sensibilisation du hammam en tant que patrimoine important, qui relie les dimensions matérielles et immatérielles, encourager la connaissance des pratiques sociales traditionnelles associées au hammam et renforcer la connaissance liée à l'architecture unique du hammam.
Pour la responsable du projet Hammamet au Maroc, Naima Lahbil Tagmouati, le bain maure traditionnel ou le hammam est un lieu pour des activités semi-publiques, un espace avec des typologies architectoniques spécifiques, un moyen pour la santé et l'hygiène, un dispensateur d'eau potable, l'un des rares endroits de rencontre publique pour les femmes dans le contexte islamique et un lieu pour la détente et des activités religieuses, artistiques et cérémoniales.
Les jeunes générations ont en partie perdu les liens avec le hammam, ce qui est d'autant plus regrettable étant donné que le hammam, traditionnellement, est un lieu d'échange entre générations. Il est donc indispensable d'accroître la sensibilisation, notamment des jeunes, à l'unicité de la culture associée au hammam et au fait que cette même culture peut participer à un mode de vie moderne.
Un tel objectif peut être réalisé seulement à travers la combinaison de pratiques sociales traditionnelles avec la demande actuelle, par exemple par la création d'espaces de détente et d'événements sociaux et culturels. Pour les jeunes générations, cela représenterait un moyen de se confronter avec leur histoire et de reconnaître que le hammam est l'un des nombreux patrimoines culturels qui existent en leur propre pays, qu'il convient de partager au sein d'une communauté internationale. Par ailleurs, en Syrie, la renaissance des hammams Amouneh et Al-José a été déclenchée et mise en œuvre grâce à Hammamet, permettant le retour d'une clientèle socialement mixte, et notamment des femmes du quartier. En Egypte, un dossier pour la réouverture du hammam Tanbali, un des quatre derniers hammams survivants dans toute la ville du Caire a suscité la mobilisation des autorités avec son approche contemporaine. Le projet a aussi œuvré à l'établissement d'un dialogue et d'une entente entre autorités et managers pour prolonger la durée des baux de location, de 2 à 30 ans, rendant possible le déploiement de stratégies à plus long terme et d'opérations de réhabilitation.
Dans cet esprit, au Maroc, le ministère des Habous a su prêter une oreille attentive aux premières propositions avancées par le projet et le groupe Hammamet, en particulier pour le hammam Saffarine, joyau méconnu de l'architecture fassie.