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Madrid pousse vers un accord Maroc-UE à l’instar de celui passé avec la Turquie

Le flux des migrants vers l’Espagne en baisse


Hassan Bentaleb
Mardi 7 Mai 2019

Le nombre d’entrées illégales en Espagne sont en baisse depuis le début de l’année en cours. Elles sont passées de 4.612 en janvier à 1.366 en février avant d’atteindre 1.036 en mars et 820 en avril, a indiqué l’Organisation mondiale des migrations (OIM). Des chiffres en baisse par rapport à l’année 2018 qui a enregistré 2.182 entrées en janvier avant d’atteindre 1.518 en février et 1.284 en mars pour repartir à la hausse en avril avec 1.706 entrées illégales.  
Ces données statistiques ont été confirmées par Frontex qui a indiqué, dans un récent bulletin, que le nombre de migrants irréguliers interceptés en mars dernier en Méditerranée occidentale a été divisé par deux par rapport au mois précédent, pour atteindre 450 environ. Les ressortissants marocains représentaient le plus grand nombre de migrants détectés sur cette route au premier trimestre de l’année en cours.
Des résultats qui font le bonheur des autorités espagnoles, selon le journal de droite ABC. Madrid considère que ce bilan est dû à plusieurs facteurs. Mais elle tient à mettre en relief deux éléments qualifiés de décisifs. Le premier est relatif aux efforts déployés pour démanteler les mafias des passeurs grâce à la coopération policière avec le Maroc à travers l’échange d’informations concernant le trafic des êtres humains (identification des passeurs, lieux de rassemblement des candidats à l’immigration, heures et lieux de départ…).  
Le second élément a trait à la détermination des pouvoirs publics marocains à coopérer avec leurs pairs espagnols comme l’atteste la dernière décision de Rabat d’imposer aux citoyens du Mali, du Congo et de la Guinée équatoriale l’obligation d'obtenir une « Autorisation électronique de voyage » (AVEM) avant de se rendre au Maroc. Un communiqué de la compagnie aérienne Royal Air Maroc daté du 30 octobre 2018 avait indiqué que cette autorisation devait être demandée au minimum 96 heures avant la date de départ vers le Maroc via un site Internet inaccessible depuis le Royaume et que l’AVEM doit être présentée obligatoirement au moment du départ. Les ressortissants du Mali, de Guinée Conakry et du Congo Brazzaville sont considérés par l’Espagne comme les trois nationalités le plus souvent détectées en matière d’entrées en Espagne par des canaux non réguliers.
Les efforts du Maroc en matière d’expulsions des candidats subsahariens à l’immigration vers leurs pays d’origine ont été également mis en avant par les autorités espagnoles.
Une coopération que le journal ABC ne considère pas comme gratuite puisque le Maroc n’empochera pas moins de 140 millions d’euros contre ses services rendus. Selon le ministère de l’Intérieur ibérique, ce soutien de l’UE prendra la forme d'équipements (bateaux pour la Gendarmerie, équipements destinés à détecter les faux-documents, systèmes biométriques, véhicules ...). En effet, Madrid a plaidé et continue à le faire pour conclure un accord avec le Maroc à l’instar de celui qui a été signé avec la Turquie il y a trois ans pour mettre fin à la crise des réfugiés en Europe. L’Espagne cherche un accord identique pour pouvoir gérer et contrôler les flux en provenance du Maroc. En d’autres termes, elle cherche un accord permettant de « fermer les voies migratoires  dites irrégulières» et de « renvoyer au Maroc toute personne arrivée irrégulièrement en UE et ne satisfaisant pas les critères de la protection internationale ».
Pourtant, les autorités espagnoles n’ont pas jugé utile de rappeler que l’accord UE-Turquie fonctionne mal ou à moitié malgré la réduction importante du nombre de demandeurs d’asile qui est passé de 800.000 à 30.000 depuis la signature dudit accord. Les flux migratoires ne se sont donc  pas affaiblis pour autant. En effet, le contrôle de la route maritime allant de la Turquie vers la Grèce a donné lieu à l’émergence d’autres itinéraires (Traversée de la Turquie vers la Roumanie en mer Noire, entrée en Finlande par la Russie; ou passages maritimes partant de la Turquie, du Maroc et de la Libye, vers l’Italie et l’Espagne). Ceci d’autant plus que cet accord a été vivement critiqué par les ONG œuvrant dans le domaine de la défense des droits de l’Homme. Neuf d’entre elles dont Amnesty International, ont déjà lancé une campagne dont le slogan est « Open the islands » (« Ouvrez les îles »). Un recours devant la justice grecque a même été déposé contre la « restriction géographique » qui oblige les réfugiés et migrants à demeurer sur les îles grecques situées à l’Est de la Mer Egée dans l’attente de la réponse à leur demande d’asile. Le Maroc est-il prêt à payer le prix d’un tel accord ? Affaire à suivre.


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