“Ma Rainey ” , le rôle-testament de l’ afro-américain Chadwick Boseman


Libé
Mercredi 16 Décembre 2020

Mort cet été, Chadwick Boseman interprète dans “Le Blues de Ma Rainey” un artiste qui refuse de se résigner face au racisme. Un rôle testament pour la star de “Black Panther”, premier super-héros afroaméricain à crever l’écran. Le film, signé George C. Wolfe, qui sera en ligne le 18 décembre, est une adaptation d’une pièce du dramaturge américain August Wilson. Séduits par la performance de Chadwick Boseman dans ce drame sur fond de crispation raciale en Amérique aux premiers temps du blues, les médias américains spécialisés estiment qu’elle pourrait lui valoir un Oscar. Ce serait à titre posthume : l’acteur, terrassé par un cancer du côlon, est mort fin août, peu après le tournage. Chadwick Boseman y joue Levee, un jeune trompettiste noir et idéaliste, qui souhaite percer dans un Chicago des années 1920, où la production musicale est aux mains des Blancs. Costume impeccable, chaussures jaunes flambant neuves, il veut s’affirmer comme artiste, mais gagne son pain en accompagnant “Ma Rainey”, l’une des premières grandes chanteuses de blues de l’entre-deux guerres aux Etats-Unis, avec Bessie Smith. Cette “mère du blues” est incarnée par Viola Davis, oscarisée en 2017 pour un second rôle dans “Fences” de Denzel Washington, déjà une adaptation de Wilson. Dans le film, personne n’est dupe : les égards réservés à la diva, accueillie en majesté avec ses robes fleuries et ses dents en or, ne tiennent que parce que ses chansons peuvent rapporter gros. “Si tu es noir et que tu peux rapporter de l’argent, alors tout va bien avec eux. Mais sinon, tu es un moins que rien”, constate-t-elle. Au sous-sol, dans une cave miteuse servant de salon de répétition, s’active le groupe qui doit l’accompagner. Du pianiste Toledo (Glynn Turman) au trompettiste Levee (Chadwick Boseman, donc), ces Noirs de toutes générations “portent chacun leurs traumatismes mais la musique les lie. Ils se comprennent culturellement, se respectent”, a souligné en conférence de presse l’acteur Michael Potts, qui incarne le bassiste. Chadwick Boseman, tour à tour charmeur, espiègle ou révolté, interpelle ses aînés, avec en point culminant un monologue, où il révèle sa fracture intime, héritée de son enfance et due à la violence que subit la minorité noire de la part des Blancs.


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