Pour Franco Frattini, «les heures du régime (libyen) sont comptées» et une partie de son entourage cherche «une porte de sortie» pour un exil du colonel Mouammar Kadhafi.
Dimanche soir, le chef du gouvernement libyen Baghdadi Mahmoudi a indiqué, en recevant l'émissaire de l'ONU Adbel-Elah al-Khatib, que le régime souhaitait «un cessez-le-feu immédiat qui coïnciderait avec un arrêt des bombardements de l'Otan», selon l'agence officielle Jana.
Selon le vice-ministre libyen aux Affaires étrangères, Khaled Kaaim, M. Khatib a rencontré également des chefs de tribus libyennes qui lui ont proposé une «zone tampon» à Ajdabiya, dans l'est.
Selon M. Kaaim, cette «zone tampon», dans cette ville stratégique, ligne de front durant plusieurs semaines, permettrait d'entamer un «dialogue national» entre les tribus libyennes.
Le vice-ministre libyen a exclu toutefois tout dialogue avec le Conseil national de transition (CNT) de la rébellion, estimant que ce conseil ne représente pas les Libyens, y compris dans le fief de la rébellion à Benghazi.
Les membres du CNT «n'ont pas le contrôle de la situation à l'est. Il s'agit de quelques factions (armées) qui opèrent hors contrôle du CNT», a-t-il dit.
L'émissaire spécial des Nations unies en Libye a insisté auprès du régime de Mouammar Kadhafi pour la mise en place d'un cessez-le-feu et d'un accès à l'aide humanitaire dans les villes frappées par la répression, a indiqué un porte-parole de l'ONU dimanche.
M. Khatib s'était rendu à Tripoli pour une visite d'une journée tandis que le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon s'était entretenu par téléphone avec M. Mahmoudi.
Depuis le début de la révolte, le 15 février, les violences ont fait des milliers de morts, selon le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), et poussé près de 750.000 personnes à fuir, d'après l'ONU.
Sur le plan judiciaire, le procureur de la CPI Luis Moreno-Ocampo devait déposer lundi une requête demandant aux juges de la CPI de délivrer un mandat d'arrêt contre trois personnes portant, selon lui, «la plus grande responsabilité» dans les crimes contre l'humanité commis en Libye depuis la mi-février, dont il rendra l'identité publique. Il avait assuré dimanche être «presque prêt pour un procès», affirmant que ses services ont collecté des preuves «bonnes et solides» permettant d'identifier les principaux responsables.
«Le bureau (du procureur, NDLR) a collecté des éléments de preuves bons et solides pour identifier ceux qui portent la plus grande responsabilité, pas les responsabilités politiques mais plutôt les responsabilités individuelles pour les crimes commis en Libye», a-t-il dit.
Mais Khaled Kaaim a indiqué que son pays n'était «pas concerné» par les décisions de la CPI, dans la mesure où la Libye n'est pas signataire du traité de Rome instituant la Cour.