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L’art est résolument l’invité d’honneur de ce Salon qui, depuis sa création en 1996 à l’Institut français du Nord, rassemble penseurs, intellectuels, artistes, universitaires tant marocains qu’étrangers autour d’un lieu d’échanges et de débats constructifs. Fort du soutien inconditionnel de l’Association Tanger région action culturelle (ATRAC), ce Salon s’inscrit dans une dimension internationale tout en revendiquant son attache à Tanger, cette cité mythique qui a accueilli tant d’artistes et d’écrivains de différents horizons ayant marqué de leur plume ou de leur pinceau leur amour indéfectible pour cette ville… Cinq jours durant, des écrivains de renom, connus et reconnus, entourés pour la première fois d’artistes plasticiens, danseurs, musiciens et conteurs rencontreront le public du Nord.
C’est la Compagnie Thomas du Châtelet qui a ouvert le bal par un impromptu chorégraphique organisé au sein des Jardins du Palais des Institutions italiennes. D’ailleurs, tout au long du Salon, des impromptus rythmeront, le temps de quelques minutes, les différentes rencontres programmées. Au terme du Salon, les huit professionnels de la Compagnie accompagnés de jeunes artistes du groupe tangérois Break or Die Crew monteront sur les planches de la salle Beckett pour y présenter un spectacle pluridisciplinaire.
«Comment peut-on être marocain?» C’est sous ce titre à la fois provocateur et ironique que plusieurs penseurs et écrivains ont été invités à se prononcer. Autour du philosophe et historien Abdeslam Cheddadi, Fouad Laroui, Abdellatif Laâbi et Kébir Ammi ont, tout à tour, exprimé leur sentiment personnel face à cette question. Une question qui méritait d’être posée tant elle est actuelle et significative. Ceux qui attendaient une réponse claire et sans appel, ceux qui espéraient, stylo à la main, enfin comprendre et noter une réponse qui les éclairerait sur leur «marocanité» sont sans doute sortis de la salle déçus et décontenancés car les réponses, comme l’ont rappelé à l’unisson les intervenants, sont aussi diverses qu’il existe de personnes revendiquant une place au Maroc, qu’ils vivent ou non sur les terres marocaines. « Comment peut-on être marocain ? » est d’ailleurs le titre d’un ouvrage collectif publié sous la direction d’Abdeslam Cheddadi qui regroupe les contributions de dix écrivains et penseurs et de quatre peintres marocains ou vivant au Maroc. Ce livre, comme d’ailleurs la table ronde qui a inauguré le Salon international de Tanger, n’a pas la prétention de fixer les limites de ce qui est marocain ou non, mais invite à la réflexion personnelle de tout un chacun à travers les idées subjectives des auteurs des textes qui le composent.
Ce Salon a également voulu s’ouvrir, dès le premier jour, sur la jeunesse en organisant une table ronde avec Fouad Laroui et Mahi Binebine qui ont dialogué avec les étudiants de l’Université Abdelmalek Essaadi autour du choix de la création littéraire et artistique par des hommes de sciences. Tour à tour, Ouail, Sara, Yousra, Omar, Hajar et Hicham ont interpellé les deux artistes scientifiques (ou scientifiques artistes) à travers leurs propres expériences qu’ils viennent d’un milieu scientifique littéraire ou artistique. Les exemples personnels développés par chacun ont permis de montrer l’importance du décloisonnement des deux cultures – scientifique et artistique – que l’on oppose à tort.
Un hommage a été rendu à Aimé Césaire, disparu en 2008, par une conférence de Daniel Maximin. Cette manifestation a été suivie du vernissage de l’exposition hommage à Césaire, ce grand poète d’exception dont l’œuvre immense a rayonné durant sa longue existence… Cette exposition exceptionnelle des œuvres de Wifredo Lam et Mahi Binebine est offerte au public à la Galerie Delacroix de Tanger. A voir et à revoir…