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Les manifestants soudanais sommés de lever les barrages


Mercredi 24 Avril 2019

Les nouveaux dirigeants militaires au Soudan ont sommé lundi les manifestants de démanteler les barrages devant le QG de l'armée dans la capitale Khartoum, les tensions s'amplifiant après la suspension des discussions entre les deux camps.
Craignant un dérapage, des dirigeants africains devaient tenir mardi au Caire un sommet autour de l'Egyptien Abdel Fattah al-Sissi, président en exercice de l'Union africaine (UA), pour "discuter des moyens les plus appropriés pour (...) contribuer à la stabilité et la paix" au Soudan, selon la présidence égyptienne.
Après la destitution le 11 avril par l'armée du président Omar el-Béchir sous la pression de la rue, les chefs de la contestation populaire et le Conseil militaire de transition qui a pris les commandes, campent sur leurs positions. Les premiers veulent un transfert immédiat du pouvoir à une autorité civile et les seconds refusent de le faire jusqu'à présent.
Mobilisés à l'initiative des meneurs de la protestation, les manifestants, rassemblés jour et nuit devant le siège de l'armée depuis le 6 avril, ont promis "d'intensifier le mouvement" pour obtenir le transfert du pouvoir.
Sur le lieu du sit-in, les Soudanais doivent passer par plusieurs points de contrôle pour accéder aux abords du QG militaire, avec une fouille corporelle et une vérification de sacs par d'autres manifestants, ont constaté les correspondants de l'AFP.
Le Conseil militaire a réclamé le démantèlement des barrages et la "réouverture immédiate des routes pour faciliter la circulation des trains et des autres moyens de transport".
Mais des manifestants sont restés insensibles à ces injonctions.
"Les check-points vont continuer de fonctionner", a déclaré à l'AFP Kawthar Hasaballah, 23 ans, présente devant le QG de l'armée, où une large banderole sur laquelle est écrit "le sit-in se poursuivra jusqu'à la chute du régime" flotte sur un pont tout proche.
"Nous ne bougerons pas", a dit Fai Othmane, une manifestante. Interrogée sur l'appel à démanteler les barrages, elle a expliqué qu'ils étaient destinés à protéger les manifestants. "Il n'y a aucune garantie que le Conseil militaire assure la sécurité des manifestants. On ne peut faire confiance à aucun (responsable) militaire".
"Je ne pense pas qu'ils (l'armée, ndlr) vont disperser violemment la manifestation", a confié une autre, Mounira Moustafa al-Badawi.
Les tensions se sont exacerbées après la suspension dimanche par les dirigeants de la contestation des discussions tenues ces derniers jours avec les militaires, faute de garanties suffisantes sur un transfert rapide du pouvoir.
Le chef du Conseil militaire, le général Abdel Fattah al-Burhane, a promis le même jour que l'armée répondrait dans la semaine aux demandes des manifestants. Mais ces déclarations ont été jugées trop vagues par les meneurs du mouvement qui ont accusé le Conseil d'être "le prolongement" du régime Béchir.
S'adressant lundi à des journalistes, le porte-parole du Conseil a affirmé qu'"une proposition présentée par l'Alliance pour la liberté et le changement (ALC, qui regroupe les principales formations de la contestation) était en cours d'examen, avec d'autres idées d'autres forces politiques". Le Conseil "communiquera avec chacun pour parvenir à un terrain d'entente".
L'Oumma, première formation de l'opposition, a accusé "des membres du Conseil militaire" de vouloir "recycler le régime renversé", et appelé à confier le pouvoir à l'ALC.
Cette alliance, qui avait prévu d'annoncer dimanche la formation d'une instance civile, a dit qu'elle le ferait "dans quelques jours".
Déclenché le 19 décembre pour protester contre la décision du gouvernement de tripler le prix du pain dans un pays à l'économie exsangue, le mouvement populaire s'est rapidement transformé en contestation inédite contre M. Béchir, aujourd'hui déchu et emprisonné, et plus largement contre le système en place.
Arrivé au pouvoir par un coup d'Etat le 30 juin 1989, M. Béchir a dirigé d'une main de fer un pays miné par des rébellions dans plusieurs régions. La Cour pénale internationale (CPI) a lancé des mandats d'arrêt contre lui pour "crimes de guerre" et "génocide" dans la région du Darfour (ouest).
Enfin, Aboubaker Moustafa, le nouveau chef du Service national de renseignement et de sécurité soudanais (NISS), a rencontré au Caire M. Sissi, qui selon la présidence, a salué les "efforts du Conseil militaire dans la gestion de la situation" et souligné l'importance de "préserver les institutions de l'Etat".
Le NISS avait été accusé d'avoir mené aux premiers mois de la contestation la répression contre les manifestants ayant fait plus de 60 morts et des centaines de blessés depuis le 19 décembre. Des milliers de personnes ont été emprisonnées.


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