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On voit les réseaux sociaux exploser sur la Toile et les ruées extraordinaires suscitées de leurs adeptes parmi les jeunes. Bref, on ne jure plus que par Facebook, Twitter, entre autres espaces de rencontres virtuelles. Les révolutions que connaît le monde arabe, sont instiguées à travers ces interfaces où de jeunes frondeurs ont appris à partager enthousiasme, indignation, pétitions pour de grandes et petites causes. Autant dire que ces réseaux, via les débats qui y sont menés, sont devenus désormais un instrument fiable pour tâter le pouls et sonder les aspirations de ces jeunes. Ceux de Tafraout, ville quoique située dans les confins montagneux de l’Anti-Atlas, sont loin d’être indifférents à cette déferlante de l’usage du web social où ils donnent de la voix.
Acteurs associatifs locaux, jeunes de la diaspora de la région à l’étranger, diplômés universitaires ou simples élèves, les profils des facebookers tafraoutis se comptent par centaines de groupes virtuels d’amis s’épanchant chaque jour sur «Tafraout press», «Espace Jeunes Tafraout», «Tafraout Tigmmi Nagh», «Diplômés de Tafraout», «Damir Tafraout», principaux espaces de communication créés en ligne. Ils sont interpellés partout.
La vie politique du pays autant que l’actualité internationale, le mouvement du 20 février, l’amazighité, la vie associative, etc, s’invitent aux débats. Les grands événements et actions politiques sont interrogés, analysés et commentés. Mais il est particulièrement remarquable que les facebookers tafraoutis s’intéressent aussi à la chose locale : l’action de leurs instances élues, le développement de leur ville, la qualité des soins prodigués, le manque d’infrastructures, accent mis sur la gare routière, entre autres.
Du coup, les décideurs locaux et autres responsables des services publics sont souvent descendus en flamme sur les «murs» de ces espaces. Une lettre est même envoyée, à cet effet, à l’adresse des élus pour s’interroger sur «le coût, la qualité et la pertinence de certains travaux exécutés à la hâte» tout récemment: (re)goudronnage des artères, (re)lifting des places », etc.
Même les ex-ministres (nombreux), originaires de la région, sont rattrapés par les discussions. Ils se posent des questions sur leurs contributions au développement de leur ville d’origine tels que les ministres de l’Agriculture, du Commerce et de l’Industrie ou des Travaux publics. Au point qu’ils se permettent de leur tenir grief de leur inaction. «Si chacun de ces responsables y avait mis son grain de sel, Tafraout en serait pas là», lit-on dans un commentaire sur «Espace Jeunes Tafraout».
Les festivals organisés dans la ville sont aussi dans le point de mire de ces jeunes qui n’hésitent pas à dénoncer leur «inanité avérée» et les qualifier de «gouffres de deniers publics ».A quoi servent-t-ils ? Qu’ont-ils apporté de plus au développement culturel et économique de la cité? Autant de questions autour de ces événements qui «font, conviennent-ils, plus de mal que de bien à la ville».
L’insertion des jeunes diplômés tafraoutis dans le monde du travail focalise aussi les débats de ces facebookers, à travers les pages de l’espace «Diplômés de Tafraout» spécialement créé pour servir de lieu virtuel de concertation et de mobilisation de tous les jeunes Tafraoutis diplômés postulant au travail. Sur le mur de cet espace, chaque jour, on assiste à un branle-bas de combat en préparation aux actions de protestation pour interpeller les responsables sur leurs doléances.
Fait remarquable: le mouvement du 20 février qui, même s’il n’est pas passé inaperçu chez ces jeunes qui n’ont pas manqué de se demander si Tafraout sera au rendez-vous de cet événement, son onde de choc n’a pas du tout été si forte pour pouvoir déclencher le déclic souhaité. «Nous nous sentons tous certes concernés par cette vague d’expression protestataire et les revendications véhiculées, mais nous n’y adhérons pas par amour à notre Roi et pour la préservation de la sécurité de notre pays», s’élèvent plusieurs voix se réclamant de la raison et du discernement parmi ces internautes. Si les thèmes accrochant les facebookers tafraoutis s’inscrivent dans l’ordre des préoccupations normales de toute la jeunesse marocaine, le recours au réseau social de leur choix semble dénoter d’une argumentation qui ne récuse pas le rôle des institutions politiques comme relais. S’ils ont choisi Facebook pour s’exprimer et passer leurs revendications, c’est faute d’autres voies de recours. «La faute incombe aux partis politiques qui n’ont pas de représentation locale active dans la ville pour écouter, encadrer et orienter les jeunes. Ils ne viennent s’activer ici qu’à l’approche des élections pour faire le plein de voix et déguerpir.
Voilà pourquoi nos jeunes laissés ainsi «en jachère» sont en proie à des mouvements alternatifs virtuels qui ont fini par les emporter puisqu’ils ont montré désormais leur efficacité en termes de capacité à fédérer et mobiliser massivement leurs adeptes autour de leurs revendications, aspirations et choix réclamés !», nous expliquent des facebookers tafraoutis.
Cela, toutefois, tout en déclinant le fait que les réseaux sociaux puissent prétendre remplacer les partis politiques dans leur rôle et action; mais n‘écartent pas l’idée qu’ils se substituent désormais à une force de proposition et un lobby fort capable de «mener par le bout du nez» les responsables chaque fois qu’un besoin de changement se fait sentir.
Intervention musclée des forces de l'ordre à Tiznit
Lors d'une manifestation organisée samedi par le mouvement du 20 février près de la salle du cinéma Bahia à Tiznit, les éléments des forces de l'ordre sont intervenues violemment pour disperser les jeunes protestataires. Plusieurs manifestants ont été blessés dont trois grièvement. Ils ont été évacués vers l'hôpital Hassan I de Tiznit pour y recevoir les soins nécessaires.