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Les défis sécuritaires exigent un nouveau modèle de coopération interafricaine

A l’Africa Forum Security, les experts appellent à passer aux actes face à l’urgence


Alain Bouithy
Mercredi 4 Décembre 2019

«Le rythme actuel du changement climatique, - la hausse du niveau de la mer, le recul et la fonte des glaciers, l'extrême variabilité des précipitations, la fréquence et l'intensité accrue des tempêtes-, provoquent une situation inédite à laquelle nous devons nous préparer», a déclaré lundi à Rabat le président du Centre de recherches et d'études géostratégiques (Atlantis), Driss Benomar.
« Ces différents phénomènes vont impacter nos ressources, notamment l’eau et les produits agricoles dont dépendent la vie, la sécurité et la prospérité de nos populations », a-t-il prévenu à l'ouverture de la quatrième édition de l’Africa Forum Security soulignant l’aggravation des problèmes de sécurité voire l’émergence de nouveaux conflits dans plusieurs régions du continent africain dont ceux entre éleveurs et agriculteurs.
A tous ces problèmes s’ajoutent « les pressions géographiques, économiques et politiques qui vont entraver la capacité d'un pays à gérer ses propres affaires », a-t-il poursuivi devant un parterre d’experts sur la sécurité et le climat venus de plus d’une quarantaine de pays, d’Afrique, d’Asie, d’Amérique et d’Europe, « pour partager et porter avec nous les idées et l’ensemble des recherches et  études géostratégiques d’Atlantis dans ce forum » placé sous le signe «L’impact du changement climatique sur la sécurité en Afrique».
Au cours de son discours, Driss Benomar a prévenu l’assistance sur le fait que « ces pressions pourront accroître les tensions et les conflits intracommunautaires et pousser les populations à l’exode avec des répercussions économiques diverses, soit par l’abondant des terres cultivables, soit par des mouvements des troupeaux qui aggraveront les situations en grand nombre».
Le président d’Atlantis pense aussi que «les tensions locales générées par les problèmes d’accès aux ressources alimentaires et hydriques peuvent se répercuter sur les pays voisins, les populations devant chercher les denrées et la sécurité notamment, ce qui va accroître la pression sur les ressources de ces pays et va, à l’évidence, amplifier les tensons existantes ».
Soulignant la gravité de la situation, il a rappelé que les récentes études, combinées aux différents modèles de projection, indiquent avec précision que le changement climatique peut menacer la stabilité et la sécurité d’un pays si rien n’est fait pour endiguer les effets directs ou indirects.
« La probabilité d’une baisse de la fréquence des précipitations, d’une augmentation des événements météorologiques en densité et en intensité en Afrique risque fort d’accélérer et amplifier les mouvements migratoires sur les phénomènes liés à l’érosion, à la disparité des terres arables », a-t-il prévenu.
Driss Benomar a également attiré l’attention de l’assistance sur une autre préoccupation : « Les Etats aujourd’hui politiquement fragiles seront très probablement des futurs épicentres de violence et d’émigration forcée liée au climat, si rien n’est fait pour anticiper cet état de fait ».
Pour lui, « cette dramatique situation humaine, que l’on observe malheureusement trop souvent sur le continent, devrait nous inciter tous à réfléchir à un nouveau modèle de coopération interafricaine de manière à relever les défis ».
Par ailleurs, et c’est une des nombreuses autres préoccupations du centre qu’il dirige: « La modification de la disponibilité de la raréfaction en eau, le problème d’accès sous l’effet du changement climatique, peut fournir aux pays et aux acteurs non étatiques l’occasion d’utiliser l’eau comme une arme». Certains pays sont particulièrement exposés à cette conjoncture, entre climat, conflit et brutalisation des ressources.
Invité de l’Africa Forum Security 2019, co-organisé par Atlantis et le Forum international des technologies de sécurité (FITS), l’ex-ministre d’Etat français et président fondateur de l'Association « Energie pour l'Afrique », Jean Louis Borloo, a pour sa part soutenu que « le dérèglement climatique se combine malheureusement avec un problème d’énergie sur le continent africain ».
Selon lui, « 65% de la population n’a pas accès à l’énergie alors que l’énergie est aujourd’hui, au 21ème siècle, le premier des droits de l’Homme avant tous les autres puisqu’il est préalable à l’eau, à la sécurité alimentaire, à la santé et à l’éducation…»
Pour Jean Louis Borloo, «nous assistons à la combinaison de l’absence d’énergie, du dérèglement climatique, des précipitations, de la sécheresse et d’un choc démographique inconnu dans l’histoire de l’humanité, moitié liée à l’amélioration de la santé publique et l’autre moitié à un système de natalité et d’un monde totalement connecté et donc  informé».
Sur les responsabilités de la situation, il consent qu’un Africain n’émet en moyenne que 200 kilos de CO2/hab/an, sachant que « les experts du GIEC estiment que pour que l’humanité se stabilise sur ce seul sujet, il faudrait que nous soyons à 2 tonnes/hab/an ». Alors qu’un Indien produit 1t/hab/an, 1 Français 5,5 tonnes/hab/an, un Allemand 9t/hab/an, un Américain 20t/hab/an et l’Arabie Saoudite, un cas particulier, avec 30t/hab/an. Et Jean Louis Borloo de déduire une vérité simple : les émetteurs sont d’un côté et les victimes sont de l’autre côté.
Si l’on veut sortir de cette spirale, il faudrait avoir des objectifs extrêmement clairs, a-t-il insisté avant d’appeler une nouvelle fois, après l’avoir fait à Copenhague et à Paris, à un Plan Marchall, un traité de paix pour une prospérité et une croissance.



 


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