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Les caravanes de l'égalité et de la citoyenneté : La Fondation Ytto part à la rencontre des MRE


Sofia Aliamet
Mardi 14 Décembre 2010

Sensibiliser les Marocains résidant en France au Code du statut personnel marocain : tel est l'objectif affiché par la Fondation Ytto pour le droit de la femme et de l'enfant, dont les fameuses "caravanes" se sont expatriées le temps de différentes campagnes. Objectif qui n'était bien évidemment pas sans intéresser également le ministère chargé de la communauté marocaine à l'étranger. Un travail commun donc qui doit à coup sûr apporter ses fruits.?
Lors d'un passage à Montpellier, dans le sud de la France, la présidente de la Fondation Ytto, rencontrée par Libé, revient sur l'importance de telles initiatives. "Les situations ici sont parfois pires que celles rencontrées au Maroc. Beaucoup de femmes ne sont même pas au courant que le Code de la famille a été réformé !" s'indigne Najat Ikhich. Une méconnaissance des nouveaux droits durement acquis, qui se double également d'un nouveau phénomène baptisé "le mariage hallal". Comprenez un mariage célébré selon la fatiha (loi religieuse) et par un imam,  sans acte, ni valeur juridique. Une contre-union qui s'oppose à ce qui prévaut d'habitude : l'union à la mairie, en compagnie de deux témoins musulmans, qui permet de valider ensuite le mariage auprès des instances consulaires marocaines. Quant aux "mariages hallal", ils permettent notamment de contourner les difficultés liées à la polygamie en s'unissant à plusieurs épouses sans que ces dernières n'aient la moindre connaissance des formalités à accomplir pour faire valoir leurs droits. Ces unions n'ont rien à voir avec le rite malékite musulman pratiqué au Maroc, "ces mariages relèvent de la pure tradition wahhabite", explique Mustapha El Karmouni, trésorier de la Fondation Ytto.
"En ignorant leurs droits, beaucoup de femmes se mettent dans des situations difficiles", explique Zahia Ammoumou, avocate en déplacement avec les caravanes. "Certaines aident leurs maris pendant de nombreuses années à acquérir des biens. Puis les époux placent le mobilier acquis en leur nom et disparaissent du jour au lendemain. Les femmes sont alors désemparées puisqu'elles ignorent les moyens de recours qui existent". Parmi les nombreux autres problèmes rencontrés, les mariages forcés, le mariage des mineures, ou encore la peur pour les femmes une fois divorcées de retourner au Maroc, par crainte que leurs époux ne les empêchent de quitter le territoire avec leurs enfants. "Si les enfants sont scolarisés en France, le recours est possible", explique Me Ammoumou. "En effet, l'article 46 de la nouvelle Moudawana précise que les intérêts de l'enfant sont la priorité". ?A Marseille, la Fondation a entendu beaucoup de témoignages de femmes marocaines, mariées à des Algériens, et qui n'ont pas connaissance du Code de la nationalité de 2007, qui leur permet de transmettre la nationalité marocaine à leurs enfants, à condition que le mariage soit validé devant les tribunaux algériens.?
Pour lutter contre toute cette méconnaissance, et pour sensibiliser les MRE à la nouvelle législation, la Fondation Ytto part directement à leur rencontre dans les quartiers dits "sensibles". A Montpellier, la caravane composée de bénévoles, d'une avocate, d'un Adoul casablancais, d'une assistante sociale ainsi que de comédiens, va informer directement la population au marché de la Paillade (quartier à forte population immigrée de Montpellier) ainsi que dans la banlieue du Petit Bard.
Vendredi 10 décembre, les militants ont rencontré des femmes marocaines afin de les sensibiliser directement à toutes les questions liées à la Moudawana et d'aborder avec elles leurs difficultés quotidiennes. Une rencontre organisée par les Associations AVEC (Association vivre ensemble citoyens) et ACLE (Association des Cévennes pour l'insertion, les loisirs et l'éducation) qui travaillent toutes deux auprès de femmes marocaines, en donnant par exemple des cours d'alphabétisation. Dans la salle, les interrogations fusent et les personnes présentes semblent en apprendre beaucoup, grâce aux présentations successives relatives à la nouvelle Moudawana.
?"Il existe une loi avec des acquis et la situation en France est pourtant lamentable" se désole Najat Ikhich. ?Pourtant, l'ensemble des militants et des personnes présentes lors de la caravane ne baissent pas les bras. Après l'Ile de France, la région Rhône-Alpes ou encore la Normandie, les caravanes de l'égalité et de la citoyenneté sont désormais dans le sud de la France du 7 au 19 décembre prochain. Marseille, Montpellier, Nîmes et Toulouse sont autant de villes où des campagnes de sensibilisation seront menées.


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