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La bourse de 1.000 £ remportée, Oukioud entend l’investir dans une nouvelle école pour enfants, dans le village de Tarzout, apprend-on auprès des organisateurs des Wanderlust World Guide Awards. Mais Oukioud ne l’a à aucun moment mentionné lors de notre entretien. Confirmant ainsi la modestie mentionnée par bon nombre de ses clients en dressant son portrait. Non, Abderrahim Oukioud a préféré s’enquérir et braquer les projecteurs sur les difficultés qu’éprouvent ses collègues dans la pratique d’une profession singulière.
Pour tout comprendre, il faut remonter le temps et prendre de la hauteur. Nous sommes au cœur de la vallée d’Aït Bouguemez, plus exactement à Tabant. Cette commune, perchée à plus de 1800m d'altitude dans le Haut Atlas central, a vu naître et mourir l’un des fleurons du projet du Haut Atlas central, le centre de formation aux métiers de guide de montagne. A l’image des us et coutumes de la localité, le centre est un édifice construit en terre stabilisée, d’une superficie de 3600m2 couverte et d’une capacité d’accueil d’une centaine de stagiaires. «Moi aussi j’ai fait partie de ceux qui y ont appris le métier de guide de montagne», se souvient Oukioud. Par manque de moyens financiers, le centre a mis la clé sous la porte, en 2013. Une hérésie au vu de l’excellente réputation dont jouissent les guides qui y ont été formés. En tout cas, une fois le diplôme en poche, l’itinéraire classique suivi par ces derniers les conduit forcément aux portes de la capitale touristique. « J’ai dû faire le tour des agences à Marrakech pour trouver du travail. Evidemment pour augmenter ses chances, il faut être polyglotte. Même si la réputation du centre de Tabant nous y aide énormément», raconte le natif d’Azilal. S’il a réussi à s’y forger une réputation, ce n’est pas le cas d’une centaine de ses collègues. Ils souffrent du statut de guide de montagne. Alors qu’à une époque, le trekking en haute montagne étaient la norme, de nos jours, il l’est un peu moins. En cause, un nouveau profil de touristes. «Pendant les années 2000, les clients étaient originaires d’Angleterre et de France. C’étaient de vrais amoureux de la nature. Mais la crise financière de 2008 les a empêchés de venir plus souvent», explique Abderrahim Oukioud. Et d’ajouter : «De nos jours, la clientèle qui visite le Maroc vient de pays lointains tels que l’Australie ou les Etats-Unis. Elle préfère découvrir la culture du pays et visiter un maximum de villes, au lieu de perdre du temps dans des randonnées en montagne ».
Du coup, les guides de montagne ont été obligés de se rabattre sur les circuits touristiques classiques. Là où la concurrence est plus rude et dense. Une situation tout sauf facile à gérer. D’autant plus qu’ils partent avec une longueur de retard, résultat de leur statut spécifique, par rapport aux autres guides qui sont eux considérés comme accompagnateurs touristiques, d’où la demande d’Oukioud. «Nous sommes dans un entre-deux juridique. Nous avons des cartes de guide de montagne mais nous ne pratiquons pas en montagne. C’est la raison pour laquelle nous demandons au ministère de tutelle de nous intégrer dans le statut d’accompagnateur touristique au lieu de guide de montagne. Car cette dernière appellation limite notre champ d’action », a-t-il soulginé. En effet, d’après le portail national de l'administration marocaine www.service-public.ma, le guide de montagne est uniquement autorisé à accompagner, guider et assister les touristes au cours d'excursions ou de randonnées en montagne. Une inextricable situation qui doit nécessiter une attention particulière.