Le phénomène prend une ampleur alarmante : 306 cas d’agression sexuelle sur les enfants en 2008

Les chiffres de la honte. Selon un rapport de l’Association « Touche pas à mon enfant », 306 enfants ont subi des agressions sexuelles durant l’année 2008. Si 166 cas ont été traités directement par l’Association, 140 d’entre eux ont été relevés dans la presse qui s’en est fait l’écho durant cette année. Loin d’être exhaustifs, ces chiffres reflètent cependant l’ampleur d’un phénomène. Un phénomène où il y a beaucoup de non-dit. Rien qu’entre 2006 et 2008, le taux d’abus sexuels a connu une hausse fulgurante, puisque passant de 20 cas en 2006, à 50 en 2007 pour cumuler à 306 en 2008. Selon la présidente de l’Association « Touche pas à mon enfant », Najat Anouar, qui a rendu publics ces résultats, ce chiffre dépasse six fois celui annoncé dans le rapport de la Coalition contre les abus sexuels sur les enfants. Ceci démontre clairement que « les abus sexuels sur les enfants sont devenus un phénomène généralisé, voire organisé dans certains cas dans le cadre de réseaux d’exploitation sexuelle des enfants, de prostitution et de pédophilie dans les grandes villes », poursuit le rapport. Ce dernier indique en effet que les cas relevés sont répartis sur 55 villes du pays, au moment où 177 d’entre eux restent concentrés sur sept grandes villes du pays, soit 57,8% des cas. La ville de Casablanca vient en tête avec 53 cas, suivie de loin de Marrakech avec 29 cas, d’Agadir, de Kénitra, de Fès, de Taroudant et de Salé avec respectivement 24, 22, 20, 18 et 11 cas. Par nature et typologie des agressions,  l’analyse révèle que le viol  vient en tête avec 210 cas dont 59 cas de viols accompagnés de violence, suivis du harcèlement sexuel (96 cas). Le rapport qui relate également 4 cas de grossesse suite à un viol, note que ce sont les filles qui sont les plus brutalisées sexuellement, parce que concernées dans 168 cas (54,9%) contre 138 cas pour les garçons (45,1%). Quant à la répartition par âges, elle montre que ce sont les enfants âgés de 1 à 8 ans qui sont le plus touchés avec 169 cas, soit une prévalence de 55,23%. Leur jeune âge les rend en effet vulnérables et incapables de prendre connaissance des abus qu’ils subissent. Les enfants âgés de 8 à 15 ans viennent en deuxième position avec 104 cas, puis en dernier les enfants âgés entre 15 et 18 ans, qui ont plus de capacité de riposte. Le rapport s’arrête également sur un fait, à savoir que les agressions sexuelles sont perpétrées dans les lieux les plus sûrs, ceux là-mêmes où ils devraient se sentir en sécurité. Ce sont les proches ou les personnes qu’ils côtoient régulièrement qui sont mis en cause. Enfin, la dernière remarque longtemps et régulièrement décriée par les défenseurs des droits des enfants, reste l’inadéquation des sanctions par rapport aux crimes commis. Lors des procès jugés en 2008, les amendes ont varié entre 9000 et 60.000 DH alors que les jugements ont porté sur des peines allant de 4 mois à 6 ans de prison ferme. Des peines qui sont loin de dissuader les récidivistes.