Le microcrédit, un espoir de réduire la pauvreté dans les campagnes birmanes


AFP
Lundi 13 Août 2012

Le microcrédit, un espoir de réduire la pauvreté dans les campagnes birmanes
Dans les campagnes birmanes, obtenir un prêt pour des semences ou du matériel est une vraie gageure. Mais le décollage espéré du microcrédit devrait aider à pallier les déficiences d'un système financier rudimentaire et à lever un obstacle majeur au développement du pays.
Khin Mar Shwe fait partie des 135 habitants du village de Mawbi bénéficiaires d'un vaste projet lancé il y a cinq mois par l'ONG PACT dans le delta de l'Irrawaddy, au sud de Rangoun.
Grâce à un prêt de 60.000 kyats (environ 70 dollars) à un taux d'intérêt de 1% par 14 jours, son élevage de canards est passé de 50 à plus de 80 têtes. Et "comme il y a plus de canards, j'ai plus d'oeufs et plus d'argent", se réjouit la paysanne de 35 ans.
Auparavant, elle devait se tourner vers des prêteurs informels, mais à 20% par mois. Un taux courant dans les régions rurales de Birmanie, qui peut même grimper pour les villageois sans garantie en terre ou en or, selon les experts.
Mais "si vous payez ce genre d'intérêts, il est très difficile de faire un bénéfice", souligne Sean Turnell, économiste à l'Université Macquarie de Sydney.
L'économie birmane, ravagée par cinquante années de dictature militaire, souffre d'un système financier "basique et sous-développé", poursuit-il.
Résultat: les prêts privés représentaient seulement quelque 5% du PIB en 2010, selon des estimations du Fonds monétaire international (FMI). Contre quelque 30% au Cambodge et plus de 120% au Vietnam.
Et la situation est pire pour le monde rural de ce pays pourtant surtout agricole. "Il n'y a pas de crédit disponible dans les campagnes (...), vraiment rien", martèle M. Turnell. "C'est là que la microfinance a un grand rôle à jouer".
Aujourd'hui, le microcrédit n'est qu'à un stade embryonnaire, mais depuis la dissolution de la junte en mars 2011, le pays s'est ouvert et l'aide au développement devrait affluer.
Alors "il n’y a pas de doute qu'il y a un potentiel de développement très important" de la microfinance, estime Michael Knaute, directeur général de l'entreprise privée à but social Oxus Development Network, filiale de l'ONG Acted.
Parce que "le microcrédit est reconnu comme un outil de développement intéressant et prometteur", poursuit celui qui envisage de lancer un programme en Birmanie.
Jusqu'alors, les bailleurs de fonds étaient "réticents", mais ils ont été rassurés grâce à un nouveau "cadre légal", indique encore M. Knaute, en référence à une nouvelle loi sur le microcrédit qui plafonne notamment les taux d'intérêt à 2,5% par mois.
Mais même si la microfinance est "un élément important pour le développement rural et la réduction de la pauvreté", "ce n'est pas un remède miracle", prévient de son côté Andrew Kirkwood, directeur de LIFT. Ce fonds qui rassemble des donateurs occidentaux finance les projets de microcrédit de plusieurs ONG, dont PACT, qui bénéficient à près de 40.000 foyers dans plus de 2.600 villages.
"La microfinance marche mieux dans un environnement où d'autres opportunités sont offertes", où d'autres réformes sont menées en parallèle, poursuit-il, évoquant la formation des paysans à l'utilisation des engrais ou la modification des règles foncières. En dehors de ce contexte d'investissement productif, le microcrédit peut aussi "jouer un rôle important pour les urgences", notamment de santé, ajoute Kirkwood.
Mais que ce soit pour la production ou la vie de tous les jours, les experts mettent en garde contre une envolée anarchique qui provoquerait certains écueils rencontrés dans d'autres pays.
"Si tout le monde se précipite, voulant proposer des microcrédits, cela pourrait créer plus de problèmes et en particulier le gros problème du surendettement", prévient ainsi Turnell.
Dans le village de Mawbi, PACT assure que personne n'a encore raté d'échéance. Les bénéficiaires sont encouragés par l'opportunité d'obtenir un autre prêt, plus important, s'ils remboursent dans les temps.
Si elle y parvient, Khin Mar Shwe aimerait acheter plus de canards, mais aussi diversifier son affaire. "Je voudrais acheter un cochon, parce qu'un cochon, c'est comme une tirelire sur pattes".



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