Et pourtant, il y a urgence, c’est de vies humaines qu’il s’agit. C’est d’une horrible hécatombe qu’il est question. Celle des routes.
La route est dangereuse, dit un slogan tellement galvaudé qu’il a fini par ne plus interpeller personne.
Et pourtant, c’est la vérité. Elle est trop dangereuse notre route. Par son état, toutes ces infrastructures en piteux état, ces déplorables défauts de signalisation. Elle l’est encore plus « grâce » à ces myriades d’usagers inconscients, au comportement funestement incivique, à tous ces engins de la mort abusivement qualifiés de véhicules.
Autant d’aberrations, de crimes perpétrés au vu et au su de tout le monde, et surtout de ceux censés s’acquitter d’un contrôle supposé être sans faille.
Et cela aussi se passe au vu et au su de ceux appelés à contrôler les contrôleurs.
La route tue. Le laisser-aller davantage.
Aujourd’hui, on nous parle d’un nouveau Code de la route, alors que «l’ex-nouveau Code» n’a jamais trouvé matière à application. Que ceux qui cogitent autour de ces soi-disant réformes dans leurs bureaux, se donnent la peine de consulter les premiers concernés.
Qu’ils commencent par se dire qu’il ne peut y avoir de réformes si l’on ne sévit pas à l’encontre de ces ripoux qui font trop de mal, si l’on ne s’attaque pas à ce favoritisme, à ces coups de fil influents, à ce copinage qui continuent de faire des victimes, par centaines, par milliers sur nos routes.
Une petite mais très désolante anecdote. Sur un boulevard casablancais, l’automobiliste passe au jaune. Il est aussitôt arrêté pour avoir « grillé le rouge ». Une autre voiture grille, pour de bon cette fois, le même feu devenu entre-temps très rouge. Un signe amical, un sourire. Et puis, ni vu ni connu. «Pourquoi pas lui?», s’interroge si naïvement « le grilleur du jaune ». « C’est un policier, si tu veux tout savoir. Tu ne veux tout de même pas que je l’arrête ? », réplique ledit agent, la conscience plus que tranquille.
Messieurs les hauts responsables de la police, de la gendarmerie, pourquoi vos agents gradés ou pas, ne sont jamais verbalisés? Seraient-ils plus respectueux de la loi que tous les autres Marocains? A méditer.
Tiens, un autre truc qui pourrait intéresser Rebbah, Boulif et autres réformateurs en herbe. Il s’agit du port du casque. Obligatoire ou pas?
On procède à des campagnes, on arrête et on verbalise à la tête du client. Mais le plus grave, c’est que les agents verbalisateurs circulent sur des motos officielles, mais sans casque. Que l’on ne nous dise pas que la tête d’un flic est plus dure que celle d’un autre ou qu’elle ne représenterait pas une grosse perte.
Ah, non ! Surtout pas !