
La question des revenus pétroliers est au cœur de la bataille que se livrent le gouvernement légitime qui a fui dans l'est de la Libye et le gouvernement dissident qui est revenu dans la capitale. Le gouvernement du Premier ministre Abdallah al Thinni a présenté les détails d'un nouveau système de paiement pour le secteur pétrolier mais les observateurs estiment qu'il a peu de chances de convaincre les acheteurs internationaux qu'il est le détenteur légitime du brut libyen.
Actuellement les ventes pétrolières et les revenus tirés de ces ventes transitent par la banque centrale libyenne et par la compagnie pétrolière nationale NOC (National Oil Corporation) qui affiche son refus de s'impliquer dans le conflit actuel.
La décision annoncée samedi par le gouvernement Thinni prévoit la création d'un office national du pétrole concurrent de la NOC et de l'ouverture d'un compte bancaire aux Emirats arabes unis alimenté par le produit des ventes.
Le gouvernement légitime prévoit également l'ouverture d'antennes de la nouvelle institution aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne et en Allemagne afin de procéder à l'échange de brut contre des produits de première nécessité.
Organiser des transactions pétrolières séparées risque d'aggraver le conflit entre le gouvernement légitime et le gouvernement dissident.
L'instauration d'un nouveau système de paiement signifie remettre en cause celui géré par la banque centrale libyenne, détentrice de comptes utilisés par des acheteurs depuis des décennies et qui constituent la seule source de devises étrangères fortes.
La banque centrale libyenne est l'une des dernières institutions qui n'a pas encore été affectée par les luttes de pouvoir. C'est elle qui assure le paiement des fonctionnaires mais aussi les soldes des combattants armés soutenant un camp ou l'autre.
L'opposition entre les deux coalitions, autrefois opposées au pouvoir de Mouammar Kadhafi, se double désormais d'une influence croissante des djihadistes de l'Etat islamique dans le pays.