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“Le gouvernement est en panne, sa propre majorité est en panne et la faute en incombe à Benkirane”

Habib El Malki fustige l’Exécutif lors du Grand oral de Luxe Radio


Morad Tabet
Samedi 11 Mai 2013

“Le gouvernement est en panne, sa propre majorité est en panne et la faute en incombe à Benkirane”
Habib El Malki, président de la Commission administrative de l’USFP, a réussi pleinement son «Grand oral» diffusé mercredi dernier sur les ondes de «Luxe Radio».
Comme à son habitude, Habib El Malki a su se montrer convaincant, passant au crible tous les thèmes d’actualité aussi gênants soient-ils: la vie interne du parti après la tenue du 9ème Congrès, la crise économique, sociale et politique actuelle, la crise politique au sein de l’Exécutif, le rôle de l’USFP en tant que parti d’opposition face à la politique du gouvernement Benkirane.
D’emblée, Habib El Malki s’est efforcé de corriger une perception négative, pour mettre fin à «un jugement très rapide, superficiel qui s’est basé sur les échos dans la presse», concernant le 9ème Congrès du parti tenu il y a cinq mois.
Pour lui, certains médias ont semé l’amalgame en exagérant ce qui s’est passé lors dudit Congrès. «L’USFP n’était jamais un parti sur mesure historiquement parlant, politiquement parlant, culturellement parlant», assène-t-il. Et d’ajouter : «Notre démocratie interne avec ses hauts et ses bas obéit à cette règle : c’est qu’il n’y a pas de préétabli, ni de système de cooptation. Le jeu démocratique est ouvert en permanence au sein du parti. Pour preuve, 75% de direction élue est composée de nouveaux visages. C’est une large représentativité». Selon El Malki, le Congrès «constitue un tournant dans la vie de notre parti pour plusieurs raisons. La principale, c’est que le Congrès a constitué un progrès réel vers l’approfondissement de la démocratie interne», même s’il y a eu un certain nombre de réactions au lendemain des résultats des élections concernant le poste de Premier secrétaire du parti.
Habib El Malki a infirmé l’allégation prétendant que le Premier secrétaire du parti tient un discours populiste. Son argumentaire est sans équivoque : «Tout d’abord, le discours de notre Premier secrétaire n’est absolument pas populiste.
Driss Lachgar exprime véritablement ce que nous avons décidé à l’occasion de la tenue de notre 9ème Congrès. L’USFP a confirmé son rôle fondamental en tant que force dans le camp de l’opposition. Et nous revendiquons très fortement la mise en œuvre démocratique de la nouvelle Constitution qui est véritablement en panne actuellement. Par ailleurs, il faut mettre en place une nouvelle stratégie pour mieux défendre notre intégrité territoriale». Et  de poursuivre : « Les discours et les initiatives que nous avons prises sont véritablement conformes aux choix que nous avons adoptés au 9ème Congrès de notre parti».  
L’USFP ne mène pas une opposition pour l’opposition. El Malki répond à tous ceux qui tentent de décrédibiliser son action en alléguant que le parti n’a aucune vision, qu’il s’oppose sans présenter de solutions alternatives. «Nous ne sommes pas les conseillers du gouvernement actuel, assène-t-il. Nous concevons notre rôle d’opposition comme une opposition critique surtout en ce qui concerne les grands problèmes fondamentaux touchant l’économie, la société, la culture, l’environnement…C’est une conception globale de l’opposition au sein du Parlement. Il nous arrive de faire des propositions de loi sur des sujets de société que nous considérons comme importants et qui sont conformes à ce que nous sommes. Nous sommes en train de préparer un projet de loi sur la peine de mort ; nous réfléchissons également sur une initiative ayant trait à la question de l’avortement et sur un sujet important pour l’avenir du Maroc. Il s’agit de la modification de certains articles de loi sur les partis politiques».
D’autre part, le dirigeant usfpéiste a violemment critiqué la décision des coupes budgétaires prise récemment par le gouvernement. Pour lui, cette décision est anticonstitutionnelle, car le Parlement n’a pas été consulté. «On ne tranche pas sur des questions d’une extrême sensibilité de manière brutale et unilatérale. Démocratiquement parlant, ce n’est pas admissible», tance-t-il. Et d’ajouter : «Si j’étais ministre, je n’aurais pas établi un projet de loi de Finances 2013 sur des hypothèses largement déconnectées de la réalité économique, financière et sociale du Maroc. Par ailleurs, en tant que responsable, j’aurais proposé au mois de mai ou juin une loi rectificative de la loi de Finances pour que tout le monde soit impliqué. Une loi rectificative qui vise à réviser un certain nombre d’hypothèses portant sur les investissements publics, le taux de croissance, la création d’emploi, le déficit budgétaire, etc».
La crise politique interne du gouvernement a été également débattue lors de cette émission. Habib El Malki critique la cacophonie qui règne au sein de l’Exécutif. C’est Benkirane lui-même qui en est responsable et non Hamid Chabat, le secrétaire général du PI, car Benkirane ne joue pas son rôle de «chef d’orchestre». Il a mis en garde contre cette situation chaotique qui risque de paralyser les institutions. D’après le dirigeant de l’USFP, «le gouvernement est en panne, sa propre majorité est en panne, car il n’y a absolument aucune coordination pour prendre des positions communes et unifier le discours. C’est un gouvernement bloqué parce qu’il a mis le dialogue social en stand-by et même la nouvelle Constitution est en panne. Face à une situation de crise avec des perspectives incertaines, nous considérons que le Maroc risque de revivre ce qu’il a vécu durant les années 80».
L’USFP pourra-t-il suppléer l’Istiqlal au cas où ce dernier quitterait le gouvernement ? La réponse de Habib El Malki était on ne peut catégorique : «Nous ne sommes pas des suppléants. Le retour à la chose publique sera déterminé par les résultats des prochaines consultations électorales. Avec ce gouvernement dirigé par le PJD, il est exclu qu’on puisse être partie prenante». Ce n’est pas une question d’allergie au PJD comme le prétendait l’interlocuteur de Habib El Malki, mais «c’est une question d’antinomie des projets de société, du statut du citoyen marocain, de son mode de vie, de sa culture, de sa liberté de conscience, bref c’est un ensemble de déterminants qui font que nous sommes totalement différents».


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