
Haftar, 72 ans, s'autoproclamait déjà chef de l'Armée nationale libyenne (ANL), une force paramilitaire formée notamment d'officiers ayant fait défection de l'armée de l'ex-dictateur Mouammar Kadhafi, qui combat depuis plusieurs mois les groupes islamistes dans l'est de la Libye.
Cette annonce intervient alors que la Libye plonge chaque jour un peu plus dans le chaos. Le pays est dirigé par deux Parlements et deux gouvernements rivaux: l'un, proche de la coalition de milices Fajr Libya, siège à Tripoli, l'autre, reconnu par la communauté internationale, est installé à Tobrouk (est).
En le faisant chef de l'armée, les autorités installées à Tobrouk, d'abord ouvertement opposées au général, reconnaissent le statut d'homme fort qu'il a acquis en quelques mois.
Mais les pays occidentaux, qui appellent de leurs voeux l'instauration d'un dialogue en Libye, ont rejeté l'idée de soutenir les forces de Haftar, craignant d'aggraver les divisions, Fajr Libya excluant toute implication du général dans une future solution politique.
Dans ce contexte, l'"officialisation" de Khalifa Haftar comme chef de l'armée risque de compliquer davantage la tâche de l'ONU - artisan d'une tentative de dialogue entre parties rivales.
En parallèle, et dans ce qui paraît comme un geste de bonne intention devant la communauté internationale, le Parlement reconnu a décidé de reprendre sa participation au dialogue. Il l'avait suspendue la semaine dernière, arguant de pressions de pays occidentaux pour intégrer des islamistes dans un futur gouvernement d'union.
Cette décision a été annoncée après une rencontre avec Bernardino Leon qui s'est rendu également à Tripoli pour rencontrer des représentants du Congrès général national (CGN, Parlement sortant) réactivé par Fajr Libya.
A Tripoli, le vice-président du CGN Salah al-Makhzoum a annoncé dans la soirée qu'un "accord a été trouvé" pour la reprise du dialogue libyen jeudi au Maroc. Plusieurs observateurs soulignent toutefois que tout effort de dialogue semble vain si Fajr Libya et les forces de Haftar ne se mettent pas autour d'une même table. Or jusqu'ici, les "ailes dures" des deux camps rejettent tout dialogue avec la partie adverse.