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La vie du narrateur va connaître un tournant quand Oum Kaltoum, la diva arabe, parle au Roi des poèmes de Ben Brahim que son guide lui a récités lors de son voyage à Marrakech. Mohammed ben Mohammed a fasciné la chanteuse par les vers de ce poète, mort sans laisser derrière lui aucune trace écrite. Mohammed Binebine, doté d’une mémoire d’éléphant, accompagne le poète dans ses pérégrinations nocturnes. Il lui récite le lendemain matin tous les vers qu’il a dû composer alors qu’il était ivre et dont il ne se rappelle plus le traître mot. Il les lui vend parfois à un prix exorbitant. Le Roi, en cherchant à retrouver le recueil perdu dans les mémoires, découvre un homme à l’humour et à l’éducation particuliers. Dès lors, l’union s’éternise.
La vie dans le palais connaît des hauts et des bas. Elle atteint l’abysse quand Aziz Binebine, jeune officier, fils du courtisan, se trouve parmi les putschistes, ceux qui ont envahi le palais Royal lors d’une cérémonie et ont essayé de tuer le Roi et tous ses invités. Mohammed Ben Mohammed y était et l’a échappé belle, comme le Roi d’ailleurs. Il se trouve dans l’obligation de renier son fils publiquement pour gagner la bénédiction du Roi, mais n’est jamais arrivé à apaiser la profonde tristesse de sa femme, une mère dont le fils est détenu à Tazmamarte, une prison derrière les montagnes, pour mourir à petit feu.
Le romancier excelle dans la construction de ce personnage tiraillé entre deux mondes. Il nous livre ses bonheurs et ses tristesses en nous préparant à chaque fois à l’accepter et à ne pas lui en vouloir. L’amuseur s’enfonce petit à petit dans le monde du Roi et se trouve à la fin lié à son maître par une relation fusionnelle. Il se réjouit à sa joie et s’attriste à sa tristesse. Depuis l’incipit, nous sentons la douleur physique du Roi rongé par une maladie fatale et la douleur morale de son compagnon à ses côtés.
L’écriture de Mahi Binebine se caractérise par le choix des mots. Les phrases sont ciselées, la poésie berce et la violence secoue de temps à autre. Les registres se côtoient, du pathétique à l’ironique, du lyrique au comique, du tragique au satirique…
Au cours de l’écriture de son roman «Le fou du roi», Mahi Binebine a produit des sculptures et des tableaux dont certains personnages sont liés par des fils inextricables. Cela, inconsciemment, montre le filet dans lequel était pris son père durant trente cinq ans, mais aussi la situation intenable de sa mère et de ses frères et sœurs.
«Le fou du roi» est une nouvelle touche ajoutée à la fresque romanesque de Mahi Binebine qui compte déjà dix livres à son actif dont «Les étoiles de Sidi Moumen» qui a été adapté au cinéma par le réalisateur marocain Nabil Ayouch sous le titre «Les chevaux de Dieu» et qui a été primé à Cannes.