La situation de l'enseignement public au Maroc est inquiétante et les conditions du corps enseignant ne sont pas rassurantes. Depuis l'entame du dialogue social, un bras de fer oppose le ministère de tutelle aux syndicats les plus représentatifs dans ce secteur, et ce pour faire aboutir les différentes revendications des enseignants, tous niveaux confondus.
Sit-in, débrayages, arrêts de travail, port de brassard, autant d'actions de protestation des enseignants contre le ministère concerné pour dénoncer leur situation déplorable.
Dans une tentative de redresser cette situation, , un programme d'urgence pour la réforme du système éducation et de formation a été élaboré en vue d'accélérer le rythme de l'application des dispositions de la Charte nationale d'éducation et de formation et la résolution des problèmes éducatifs et la disponibilité des ressources nécessaires.
Selon différents syndicats de ce secteur dont le SNE/FDT, ce programme d'urgence est marqué par plusieurs lacunes. Aux côtés d'autres syndicats, la FDT a boycotté la journée consacrée à ce projet que le ministère avait organisée le 15 juillet dernier.
Et pour cause, le département de tutelle a préféré ne pas faire participer les différents partenaires sociaux concernés par la réforme de l'enseignement.
Par son attitude, le ministre sous-estime le rôle participatif important des syndicats du secteur dans des questions qui exigent au préalable un consensus entre toutes les parties prenantes.
Préparer ce programme d'urgence de manière unilatérale s'inscrit dans la nouvelle politique menée par le ministère qui réduit à néant les acquis cumulés pendant des décennies de luttes syndicales.
De ce fait, cette situation s'est traduite par une régression à plusieurs niveaux, à savoir la fermeture des voies du dialogue, le désengagement du ministère à propos des accords signés en août 2007 avec les cinq syndicats les plus représentatifs dans le secteur de l'enseignement primaire et du 13 août de la même année avec le Syndicat national de l'enseignement supérieur.
Le fait que les syndicats soient les derniers à être informés et invités à la dernière minute tout en les marginalisant au cours de la préparation du programme d'urgence est une conduite on ne peut plus attentatoire à la dignité des enseignants, a déclaré le secrétaire général du Syndicat national de l'enseignement FDT, Abdelaziz Ioui.
Pour ce qui est des revendications des enseignants, il s'est dit attaché au respect total des engagements gouvernementaux contenus dans les accords du 1er et 13 août 2007, demande l'accélération du processus de dynamisation des accords conclus, l’ouverture d’un dialogue sérieux et responsable sur les dossiers en suspens et partant la participation quant à la création d'un climat favorable en vue d'améliorer la situation de l'école publique, à travers la motivation des ressources humaines.
La planification, l'orientation de l'enseignement supérieur, le mouvement de mutations, de la promotion, les techniciens figurent parmi les points que les différents syndicats ont soulevés à maintes reprises sans qu'une issue probable soit trouvée.
Le corps administratif de l'enseignement qui souffre lui aussi d'énormes difficultés a organisé en octobre dernier un sit-in de protestation à Rabat. Concernant la situation de cette catégorie des fonctionnaires de l'enseignement, en particulier dans le monde rural, Abdelaziz Ioui a souligné qu'elle est des plus lamentables.
Les directeurs du primaire, les surveillants, les censeurs, les attachés pédagogiques sont dans l'obligation d'effectuer plusieurs missions à la fois (cantine, surveillance, etc), en l'absence de moyens humains et matériels.
Leur situation doit être traitée dans sa globalité, en améliorant les conditions de travail et en dotant ce corps en ressources humaines suffisantes pour s'acquitter de sa tache principale aux côtés du corps professoral, a ajouté Abdeaziz Ioui.
Concernant l'avancement de milliers d'instituteurs pour l'exercice des années scolaires 2006 et 2007 annoncé en août 2008, soit avec un an et demi de retard, il a indiqué que le ministère a omis de signaler que le nombre de candidats à l'avancement a augmenté lui aussi, ce qui rend insignifiants les chiffres avancés.
Ces avancements ont concerné 12.813 instituteurs pour les années scolaires 2006 et 2007, dont 7.455 au titre de 2007. D'un autre côté, au titre de l'année 2006, 2.830 enseignants des collèges et lycées ont été promus, avec prévision d'avancement au profit de 3.474 enseignants au titre de 2007, dont une première tranche de 2.358 dossiers a fait l'objet d'une décision d'avancement pour juillet 2008.
Pour ce qui est de la situation déplorable de l'enseignement, appelée à se dégrader au cours de la prochaine année scolaire et universitaire, les cinq syndicats endossent la responsabilité au département de tutelle et s'engagent à prendre les décisions appropriées et à adopter différentes formes de lutte, et ce pour défendre la Charte de l'éducation et faire face à tous les complots qui se trament contre l'avenir de l'école et de l'université.