Le dernier ouvrage de Philippe Hrodej «L'esclave et les plantations».

De l'établissement de la servitude à son abolition


L B
Mardi 24 Février 2009

Le dernier ouvrage de Philippe Hrodej «L'esclave et les plantations».

Saint-Domingue, 1757. Les morts suspectes s’accumulent, la peur gagne l’île. Les esclaves – ou, pire ! Les affranchis – auraient trouvé leur arme invisible : le poison. Les colons paniquent : des serviteurs pourtant insoupçonnables rôderaient dans les cuisines, dans les étables ou sur les marchés et empoisonneraient les aliments. Conduits par leur chef Macandal, ancien esclave devenu manchot puis marron – en fuite depuis dix-huit ans –, ils tueraient par plaisir et par cruauté, par vengeance ou par goût. La répression est féroce, à la mesure des angoisses. C’est que « le nègre est bizarre ; […] c’est une race méchante, de vrais serpents. […] Il est naturellement haineux, méchant, superstitieux et sans principes   ». Pour les colons blancs, il est l’Autre absolu, cet autre que pourtant ils ont capturé et asservi ; cet autre qui par son labeur servile fait de Saint-Domingue la « perle des Antilles » au commerce alors plus conséquent que celui des colonies britanniques d’Amérique du Nord.
Ce sont ces mentalités collectives, ces peurs, mais aussi ce scandale – l’esclavage – que Pierre Pluchon s’est attaché à comprendre puis à expliquer au travers de son œuvre.
Administrateur professionnel et historien amateur, amoureux de l’île de Haïti où il longtemps vécu, il s’est intéressé en précurseur dès les années 1970 à l’histoire des Antilles et à la problématique de l’esclavage. Parmi ses principaux ouvrages, l’Histoire de la colonisation française et une biographie de Toussaint Louverture, tous deux publiés chez Fayard, modèles de travail et d’érudition. Historien atypique à la production foisonnante, trop tôt disparu (1999), il a pourtant su s’attirer la sympathie et le respect d’une nouvelle génération de chercheurs réunie par Philippe Hrod_j. Ceux-ci lui rendent hommage à travers ce recueil d’articles autour des Antilles (françaises et espagnoles) et de la Guyane, prolongeant certaines des intuitions du maître et battant en brèche bien des préjugés.
L’esclavage n’était pas une fatalité dans les Antilles, bien au contraire. Il n’est arrivé que tardivement, longtemps après la mort des premiers Indiens, et après les échecs des serviteurs blancs sous contrat, les fameux trente-six mois. Au XVIIe siècle, la petite colonie d’aventuriers français végétait, regroupée sur l’île de la Tortue, reléguée aux marges de Saint-Domingue et de l’empire espagnol, hésitant entre la colonisation du sol, la culture du pétun (tabac) ou la flibuste. Des rafles ou du commerce interlope dans les îles voisines ont fourni les premiers contingents d’esclaves, avant leur importation massive d’Afrique, en provenance de la Côte d’Or (les plus demandés), du Congo ou de l’Angola actuel. Leur apport a modifié les cultures, le tabac des débuts se voyant abandonné au profit de l’indigo, puis du café et surtout du sucre.



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