Le crowdfunding, l’allié privilégié du monde associatif


Chady Chaabi
Mercredi 21 Août 2019

Déposé le 21 mars 2018 auprès du Secrétariat général du gouvernement, le projet de loi sur le crowdfunding figure enfin à l'ordre du jour du Conseil de gouvernement de demain. Ce qui représente une avancée significative pour l’adoption de ce texte. S’il l’est en Conseil du gouvernement, il lui faudra encore passer le cut des deux Chambres du Parlement pour être définitivement adopté. En attendant, Libé vous fait découvrir ce modèle de financement participatif, ses différentes formes, sa probable réglementation, ainsi que ses avantages et ses inconvénients. 

Qu’est-ce que le crowfunding ?
Pour faire simple, le crowdfunding s’apparente à un ensemble de méthodes permettant de lever des fonds destinés à réaliser un projet, et donc fédérer le plus grand nombre de personnes. Cette pratique s’est démocratisée par le biais des nouvelles technologies d’information et de communication, avec les réseaux sociaux pour cheville ouvrière. Et comme il met en scène des personnes physiques ou morales qui font des dons de sommes d’argent sans attendre de contrepartie, il est logique que le crowdfunding soit propre aux actes associatifs et quelques fois aux projets personnels. C’est la raison pour laquelle il est également appelé « sociofinancement ».
L’un de ses aspects les plus intéressants réside dans le processus de désintermédiation qui le définit et qui exclut de fait les banques qui ne sont plus les seules maîtresses des fonds et des capitaux, puisque le projet se réalise librement, entre particuliers ou entreprises et dans n’importe quel domaine d’activité, et ce même si à l’origine, il était uniquement censé financer des projets culturels tels que des films ou encore des albums musicaux. 

Les différentes formes de financement participatif
Bien qu’il existe différentes formes de crowdfunding, il est possible de les synthétiser en quatre grandes familles. Tout d’abord, le crowdfunding en don ou crowdgiving. Réservée aux actes associatifs et aux projets personnels, cette forme est la plus répandue. Comme précité, il s’agit d’un don effectué par une personne ou une société sans en attendre quelque chose en retour. Par exemple, une campagne de financement pour la construction d’un centre d’accueil. 
Ensuite, la seconde grande famille est intitulée «La récompense» mais encore «Don avec contrepartie ». La différence entre ce genre et le précédent réside dans la contrepartie. Le donateur reçoit dans ce cas quelque chose en retour. Une sorte de troc dont la manifestation peut prendre une forme matérielle, comme une offre de cadeau ou objets promotionnels, à l’instar d’un musicien qui aurait besoin de vendre un certain nombre d’albums pour pouvoir financer l’enregistrement dudit album. Les contributeurs recevront l’opus en échange de leurs dons. 
Pour les deux dernières grandes familles, on s’éloigne un peu plus de l’essence même du crowdfunding pour verser dans des méthodes plus conventionnelles. Dans un premier temps, il y a l’equity crowdfunding ou l’investissement participatif, à savoir une personne qui investit dans un projet mais uniquement à condition d’avoir un retour sur investissement qui se traduit par l’acquisition de parts dans l’entreprise financée. Et dans un second temps, il y a le crowdfunding en prêt ou crowdlending, soit le prêt d’une somme pour financer un projet, laquelle sera rendue avec ou sans intérêts, ce qui ressemble comme deux gouttes d’eau à un prêt bancaire. 

La réglementation
D’après « Telquel », le cadre législatif du projet de loi 15-18 indique que l’opération de collecte doit se faire à travers une plateforme électronique dite plateforme de financement collaboratif, gérée par une société de financement collaboratif. S’agissant des plateformes de prêt ou de don, on apprend via la même source que la société gestionnaire aura l’obligation d’être agréée par l’administration après avis de Bank Al-Maghrib. Pour ce qui est des plateformes d’investissement, la société gestionnaire devra là aussi avoir l’aval de l’administration mais également de l’Autorité marocaine du marché des capitaux. 
Outre le fait que le texte leur fixe un capital social minimum de 300.000 dirhams, les sociétés de financement collaboratif seront dans l’obligation de mettre en place une politique de prévention et de réduction des risques, à même d’identifier l’origine et la destination des fonds, demander des informations complémentaires si le don concerne des fonds conséquents mais encore vérifier la solvabilité des donateurs. Sans oublier que lesdites sociétés ont le devoir de désigner un commissaire aux comptes, chargé de contrôler et suivre les comptes des activités de financement desdites sociétés. Un ensemble de conditions considérées comme trop contraignantes par ce type de plateforme en ligne.  

Avantages et inconvénients 
Il existe plusieurs avantages pour une entreprise de faire appel au crowdfunding. Premièrement, le financement d’un projet dans des délais courts contrairement au circuit bancaire. Aussi, cette collaboration communautaire offre un accompagnement idéal pour les associations et les jeunes créateurs d’entreprises. D’autant plus qu’elle s’appuie sur une démarche autre que celle de la recherche de profits. Enfin, le crowdfunding offre la possibilité pour les donateurs de donner leurs avis sur le projet qu’ils financent. Et dans le cas où la « levée de fonds » échoue, il sera constructif de déterminer pourquoi et d’en tirer les leçons. Néanmoins, il convient de rappeler que l’ensemble de ces avantages sont malheureusement contrastés par un inconvénient de taille. Puisque faire appel à une plateforme de crowdfunding a un coût. Des commissions qui peuvent aller de 4 à 12 % du financement obtenu.  


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