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Le crocodile de l’Orénoque, sauvé par le marketing ?


AFP
Lundi 24 Mai 2010

Michel Lacoste tient fièrement dans sa main vingt centimètres de vie témoignant de l'histoire de la Terre il y a des millions d'années: ce bébé crocodile de l'Orénoque (Colombie), en danger d'extinction, devra peut-être sa survie en liberté à une belle opération de marketing.
Début mai, l'entrepreneur textile et fils du fondateur de la marque au croco, est venu à la rencontre de ce reptile, élevé en captivité en Colombie, l'un des dix pays au monde comptant la plus grande biodiversité, dont la Journée mondiale a été célébrée samedi.
Le crocodile de l'Orénoque - bassin du fleuve du même nom traversant le Venezuela et la Colombie - est une espèce symbolique de ce pays, peuplant encore les chansons traditionnelles des "llanos" (plaines, ndlr) à l'est de la cordillère des Andes.
L'impressionnante taille de ce carnivore aux 68 dents, à la peau grise ou jaunâtre - il peut mesurer jusqu'à sept mètres - ses rugissements et son caractère agressif effrayent les villageois, mais sa survie est indispensable.
"Il est au sommet de la chaîne" de l'écosystème du fleuve de l'Orénoque et de ses affluents, explique Willington Martinez, spécialiste du reptile: "C'est le plus grand prédateur" et il régule ainsi l'abondance de beaucoup d'espèces, notamment d'amphibiens et de plus petits caïmans. "Lorsqu'il est présent les rivières ont plus de poissons".
Au début des années 1960 ils étaient encore nombreux et appréciés par les maroquiniers pour leur peau douce. "On vendait en Colombie un millier de peaux par jour", témoigne ce scientifique de la Station de biologie tropicale Roberto Franco de Villavicencio, s'occupant de la préservation de cette espèce.
Mais rares sont désormais les spécimens en liberté, après des années de chasse intensive, interdite en 1968, et de déforestation.
Selon une étude remontant à l'an 2000, seule une centaine de ces crocodiles ont pu être observés, explique Antonio Castro, coordinateur en Colombie de Chelonia, ONG espagnole qui tente de recenser cette population, classée dans la liste rouge des espèces gravement en danger d'extinction par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
Depuis le début des années 1990, dix couples ont donné naissance, en captivité, à environ 500 spécimens que la station Roberto Franco tentera de réintroduire dans leur habitat naturel.
Une occasion parfaite saisie par "Save your logo", fonds de dotation pour la biodiversité créé en France proposant aux grandes marques de s'engager pour l'animal de leur logo.
Lacoste a été le premier à se laisser séduire par Save your Logo, finançant Chelonia à hauteur de 150.000 euros sur trois ans notamment pour recenser les crocodiles de l'Orénoque.
"Le crocodile (...) a été le surnom de mon père quand il jouait au tennis, et si nous pouvons rendre un petit peu au crocodile tout ce qu'il nous a apporté, cela serait dommage de ne pas saisir l'occasion", a déclaré Michel Lacoste à l'AFP. Lacoste promet qu'il ne s'agit pas d'user ainsi "d'un support de communication" pour sa marque, mais de faire preuve de "responsabilité citoyenne". "Nous n'allons pas mettre des crocodiles empaillés dans chaque vitrine", ironise-t-il.
Une fois l'étude terminée, les scientifiques devront encore convaincre les habitants de l'Orénoque d'accepter le retour de ces reptiles. "Les gens les voient toujours comme une menace. Ils racontent que les crocodiles poursuivent leurs embarcations", explique Willington Martinez.
Il faudra les "éduquer", leur expliquer qu'il ne s'agit que de femelles qui protègent leurs territoires.
Chelonia espère aussi que sa réintroduction créera des emplois de pêcheurs en enrichissant la faune de la région et attirera les fans de l'écotourisme.


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