Outre la forte affluence des fidèles vers les mosquées pour accomplir les prières, le mois de Ramadan dans les provinces du Sud se caractérise également par les veillés religieuses pour la récitation du saint Coran et des panégyriques du Prophète dans une ambiance de recueillement et de piété.
Ce mois de piété et de solidarité revêt aussi un caractère social, dans la mesure où des familles entières se réunissent, dans une ambiance de joie et de convivialité, autour du traditionnel thé sahraoui, une belle occasion pour raffermir leurs liens et renouer avec des us et coutumes ancestraux.
Pour une bonne partie de la gent féminine, ce mois offre l'occasion de se réunir, dans la soirée autour du jeu populaire appelé Sig qui se déroule généralement sur un amas de sable d'une hauteur de 60 centimètres et ayant la forme d'une bosse de chameau présentant deux versants opposés (appelé Libra).
Le Sig se joue au moyen de Sigat, bâtonnets de 30 à 40 centimètres de longueur, au nombre de 8 et aux facettes colorées et avec des parties arrières lisses et monocolores, ainsi que des cailloux, le tout sur fond de joutes orales entre les deux équipes en compétition.
Autre aspect saillant et prédominant du Ramadan dans ces provinces est cette omniprésence de l'animation nocturne à l'intérieur des foyers comme dans les nombreuses artères et sur les places publiques, créant ainsi une ambiance conviviale et chaleureuse qui atteste du grand respect que vouent tous les Marocains au mois sacré de Ramadan.
Le mois de Ramadan est l'occasion également pour les populations locales, toujours fidèles à leurs traditions culinaires, de renouer avec leurs mets et repas traditionnels, tout en y ajoutant quelques plats gastronomiques modernes pour garnir davantage la table de F'tour.
A cet égard, d'aucuns estiment que les traditions culinaires du Ramadan dans les provinces du Sud ont changé et plus particulièrement la Meida de F'tour, en raison de la richesse et la diversité culinaires et autres habitudes alimentaires qui ont gagné toutes les régions du Royaume.
Par le passé, la consistance du repas du mois de jeûne tournait invariablement et systématiquement autour de la soupe blanche "smida", de Dchicha et des dattes, ainsi que le traditionnel thé sahraoui et le lait camelin, les boissons les plus prisés chez les habitants des provinces du Sud.
Le repas du S'hour se résumait à "Belghman", repas à base d'orge et d'eau mélangée au sucre. Occasionnellement, le S'hour est constitué de viande de chameaux cuite dans l'eau sans épices.
A l'exception de la soupe, de Dchicha, du Maro (repas formé du riz avec viande ou poisson), T'bikha et Afchai, les autres menus traditionnels comme Belghman, Zomit, Laayche, Tidkit, Tichtar, ne sont presque plus sollicités par les habitants locaux.
Aujourd'hui, en sus des incontournables lait et dattes, la table de la rupture du jeûne comporte toute une variété d'aliments et de produits. Le développement des provinces du Sud, la floraison des marchés et autres souks locaux, l'adoption du mode de vie citadin, la sédentarisation des populations locales, l'amélioration des conditions de vie des citoyens, ont été pour beaucoup dans les changements des habitudes culinaires et rituels locaux. La radio, la télévision, les journaux et même l'Internet et le recours aux livres de cuisine ont également contribué à l'évolution des habitudes culinaires dans le Sud, relèvent des habitants de la région.